L’international n’investira pas en Haïti si les gangs ne sont pas désarmés, affirme Colin Powell

Dans une interview exclusive accordée à Radio Métropole , le lundi 5 avril 2004, et diffusée le mercredi 7 avril , le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, s’est voulu clair sur la question de la circulation des armes illégales . M. Powell a indiqué que l’international ne va pas appuyer un développement d’Haiti sans désarmement. « La communauté internationale n’appuiera pas le développement d’Haïti si les gangs sont toujours armés , si les criminels courent les rues les armes à la main ». Le chef de la diplomatie américaine a exhorté les haïtiens à mettre fin à toutes formes de violence et à soutenir l’opération de remise d’armes en cours. Ainsi , M. Powell invite l’ensemble des haitiens à supporter les efforts déployés par la police nationale et la force multinationale dans le désarmement . « Nous avons besoin d’un avenir sans corruption, fait d’honnêteté avec un gouvernement élu qui représente les intérêts du peuple », souligne Colin Powell lors de cette entrevue d’une dizaine de minutes accordée à Rotchild François Junior , au Palais National, à l’occasion de sa brève visite de soutien aux nouvelles autorités de Port-au-Prince. M. Powell reconnaît que la situation économique du pays est précaire après la mise à sac du secteur commercial par les partisans de Jean Bertrand Aristide suite à sa démission suivie de départ le 29 février. Les dégâts sont estimés à environ 300 millions de dollars américains . A ce sujet , Colin Powell se dit réceptif à la proposition de recapitaliser le secteur privé faite par le Premier Ministre, Gérard Latortue. « Il s’agit d’un défi pour la Communauté Internationale » estime M. Powell qui croit que « Nous devons travailler avec le FMI, la Banque Mondiale pour voir comment recapitaliser le secteur privé car nous savons qu’il a subi d’importants dommages à la fin février ». Entretemps, l’Administration Bush va encourager le vote de la loi « HERO Act » introduite au Congrès par le sénateur Michael Dewine. « A mon retour à Washington , je vais en discuter avec mon staff pour voir comment encourager le Congrès à voter cette loi ». Cette loi qui concerne le domaine du textile permettrait la création de plus de 100 mille emplois directs sur trois (3) ans et 250 mille emplois indirects. D’un autre côté, pour supporter les efforts de stabilité en Haïti, le gouvernement américain indique qu’il faudra un appui financier important . Mis à part le prochain déblocage de 55 millions de dollars en assistance humanitaire, M. Powell annonce que des fonds seront versés dans le cadre de la lutte contre le Sida de même que des discussions seront menées avec les institutions financières internationales , l’Union Européenne et d’autres organisations pour aider Haïti. Toutefois, l’administration Bush indique que la relance d’Haiti passe par la mise sur d’un gouvernement responsable. « Le plus important est de mettre en place un gouvernement responsable , qui n’est pas corrompu, susceptible d’encourager l’investissement en Haïti, d’inciter à construire des manufactures ( factories) en Haïti pour créer des emplois et à organiser des échanges commerciaux » soutient M. Powell. La question de l’engagement international en Haïti sur une période de 20 ans suggérée par l’envoyé spécial de l’ONU, Réginald Dumas a été soulevée dans cette entrevue à Radio Métropole. S’engageant sur la même voie, Colin Powell a estimé qu’il faudra du temps pour la stabilité d’Haïti « Nous nous préparons pour le long terme, l’ONU aussi. Cela prendra du temps pour assurer le développement d’Haïti, pour créer des emplois, pour reconstruire l’économie , que cela prenne 20 ou 10 ans » déclare le chef de la diplomatie américaine.