L’Onu crée une force de paix pour Haïti et attend des contributions

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Le Conseil de sécurité de l’Onu a voté à l’unanimité vendredi une résolution prévoyant la création d’une force de paix pour Haïti, comprenant 6.700 militaires et 1.622 policiers civils, pour une période initiale de six mois débutant le 1er juin. « Nous pensons que ceci (la résolution) constituera une étape importante pour obtenir la participation de troupes », a dit le diplomate Stewart Holliday, l’un des représentants américains aux Nations unies. La force de l’Onu remplacera en Haïti les troupes étrangères déployées au sein d’une coalition ad hoc depuis début mars dans ce pays le plus pauvre du continent américain, à la suite de la démission du président Jean Bertrand Aristide. La sécurité aujourd’hui en Haïti est assurée, outre par des policiers haïtiens, par 3.300 militaires étrangers : 1.900 soldats américains, 730 français, 330 chiliens et 360 canadiens. Le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan avait réclamé un mandat de deux ans pour la force de paix mais le Conseil de sécurité, qui craint une explosion des dépenses de l’Onu dans des opérations de maintien de la paix, n’a prévu que six mois « avec l’intention de les renouveler ». Kofi Annan avait appelé à plusieurs reprises la communauté internationale à assurer un engagement à long terme en Haïti pour garantir le redressement du pays, pour éviter les erreurs du passé. Washington avait envoyé 20.000 militaires en Haïti en 1994, après un coup d’Etat militaire. Les Etats-Unis avaient alors remis au pouvoir le président Jean Bertrand Aristide. Pour former la nouvelle force, l’Onu compte sur des contributions volontaires de ses membres. Il est acquis que la future force comprendra notamment des troupes brésiliennes, françaises et chiliennes. Plusieurs pays des Caraïbes, qui avaient refusé de participer à la première force ad’hoc, pourraient contribuer au maitien de la paix organisé par l’Onu. « Un certain nombre de pays ont fait part de leur intérêt pour soutenir la mission », a déclaré un responsable de l’Onu sous couvert d’anonymat. « C’est encore un long chemin à parcourir, nous en saurons plus la semaine prochaine », a-t-il ajouté. La résolution, adoptée par les 15 membres du Conseil de sécurité, donne pour mission à la force d’aider le gouvernement provisoire haïtien à restructurer la police, à désarmer les rebelles et à organiser et superviser des élections générales attendues l’année prochaine. Le texte autorise aussi la nouvelle force à protéger les civils « sous la menace imminente de violences physiques » et lui demande d’aider le gouvernement à enquêter dans les violations des droits de l’homme. Haïti est dépourvu d’armée depuis 1995 et dispose d’une police désorganisée de quelque 5.000 hommes. Le nouveau gouvernement du Premier ministre Gérard Latortue ne prévoit pas d’en créer une nouvelle. Le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, avait estimé début avril qu’Haïti n’avait pas besoin d’une armée mais de réorganiser ses forces de police afin qu’elles soient capables d’assurer la sécurité du pays. Jean Bertrand Aristide a quitté le pouvoir le 29 février, à la suite d’une insurrection armée notamment dans le nord du pays, qui avait balayé une très faible résistance de la police locale. New York, vendredi 30 avril 2004,AFP.

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