Le bilan des violences du lundi 17 décembre est lourd à l’échelle du pays. Celui présenté par les autorités est loin de refléter la réalité d’autant qu’il ne tient pas compte des personnes tuées et des locaux incendiés en province. Le nombre de personnes tuées après le mouvement que les autorités haïtiennes ont convenu d’appeler une tentative de coup d’état pourrait avoisiner la vingtaine dans le pays dans la mesure où au centre-ville de Port-au-Prince, dans les parages du Pont Morin , à la Croix-des-Bouquets, à Petit-Goave entre autres, des personnes ont été lynchées. Les dégats matériels semblent avoir été plus importants à Petit-Goave que dans le reste du pays où le nombre de maisons incendiées se chiffre à une quinzaine. Deux (2) jours après les violents évènements de lundi, le calme est revenu dans le pays mais la peur s’y installe. La psychose fait rage dans les millieux de la presse haïtienne. L’appel au respect de la liberté de la presse lancé par le président du 26 novembre Jean Bertrand Aristide parait loin d’être rassurant. Des stations indépendantes n’arrivent toujours pas à reprendre leurs émissions d’informations depuis lundi. Celles qui continuent d’émettre ne le font pas de gaieté de coeur. Plusieurs journalistes haïtiens se sont mis à couvert depuis pour échapper à la fureur des « chimè lavalas ». Environ une dizaine de travailleurs de la presse ont dû prendre le chemin des ambassades étrangères. La nouvelle du coup d’Etat ayant fait son chemin, des membres d’Organisations Populaires (OP) lavalas armés de fusils, de pistolets, d’armes blanches et portant des jerricanes d’essence s’en prenaient le 17 décembre à tout ce qui peut être considéré comme hostile au pouvoir. Lundi, particulièrement, deux (2) secteurs en Haïti ont été ciblés par les lavalasssiens : l’Opposition regroupée au sein de la Convergence Démocratique et la presse indépendante. La police qui avait mené une opération de charme auprès des directeurs de médias huit (8) jours auparavant était absente, passive ou impuissante lors des attaques sur les journalistes haïtiens notamment aux abords du Palais National. Les travailleurs de la presse ont de plus en plus le frisson quand le représentant ai de Fanmi Lavalas Yvon Neptune, également président de l’assemblée nationale tente de justifier les violences des militants de son parti en disant : « que le peuple haïtien a identifié ses ennemis. » Pour la première fois donc, des journalistes deviennent les ennemis du peuple. Ce même peuple que la presse informait avant le 16 décembre 90 et pendant le coup d’Etat de septembre 91.
Lourd fardeau pour la presse , l’Opposition et de nombreux pères et mères de famille après la folle journée de lundi
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