M. Aristide épouse une récente proposition de sortie de crise de l’Eglise Catholique

Le Président Jean Bertrand Aristide tente de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve son gouvernement face à une levée de boucliers de l’ensemble des secteurs . Dans une interview en créole accordée dans l’après-midi du jeudi 18 décembre 2003 aux directeurs de la Radio et de la Télévision Nationales , le Chef de l’Etat a récupéré la proposition de sortie de crise faite par la Hiérarchie Catholique ,le 21 novembre dernier. Jean Bertrand Aristide, ancien prêtre, estime que ce plan est une bonne base de sortie du bourbier actuel. « Il y en a qui sont pour ou contre cette proposition , mais je crois qu’il y a moyen de trouver un compromis avec l’Opposition , le Groupe des 184 , le Secteur Privé et Lavalas », déclare le Chef de l’Etat. Mettant en garde contre le retour de la dictature et dénonçant la question de la lutte de classes entretenue par le Pouvoir Lavalas , les Evêques avaient recommandé la formation d’un Conseil Consultatif (de neuf (9) membres représentant les secteurs au Conseil Electoral de consensus) chargé d’aider le Président de la République dans sa tâche après le départ du Parlement en janvier prochain. La Hiérarchie Catholique avait également suggéré la réalisation de réformes profondes au sein de la police . Elle avait sollicité du Chef de l’Etat la fin des activités du Conseil Electoral de Alix Lamarque tout en faisant appel à l’Opposition pour prendre part au Conseil de la Résolution 822 de l’OEA. Enfin , l’Eglise s’était adressée à la Communauté Internationale pour lui demander de se positionner sans équivoque sur la crise. Pourtant, cette proposition ( rejetée par l’Opposition et la Société Civile) n’avait pas reçu l’aval du parti de M. Aristide . Lors d’un mini-congrès de Fanmi Lavalas à Marchand Dessalines , le 29 novembre dernier,tenu en présence du chef a.i. du parti , l’influent sénateur ,Joseph Médard, avait assimilé le plan de l’Eglise Catholique à une tentative de Coup d’Etat. L’élu contesté avait souligné que la formation de ce Conseil Consultatif n’était pas prévue dans la Constitution. Dans cette interview du jeudi 18 décembre , M. Aristide s’est également démarqué de la police qui réprime les manifestations anti-gouvernementales. Tout en souhaitant une « paix des rues », le Chef de l’Etat a reconnu le droit à tous de manifester pacifiquement. Parallèlement , Jean Bertrand Aristide s’est montré peu réceptif aux persistantes questions des directeurs de la radio et de la télévision d’Etat relatives à une « campagne de désinformation » menée par la presse . La veille de cette interview , le président de la République avait reçu l’ambassadeur américain , James Foley, selon une source digne de foi. Lundi , le Département d’Etat avait appelé M. Aristide à résoudre la crise avec la Communauté Internationale après avoir accusé le Pouvoir Lavalas de fomenter la violence des derniers jours en complicité avec des gangs armés. L’administration Bush avait demandé au gouvernement de cesser de réprimer les manifestations légitimes des étudiants. L’appel au dialogue lancé , jeudi , par M. Aristide est rejeté par l’Opposition et la Société Civile qui parle de « tentative désespérée ». La plate-forme des organisations de l’Opposition et de la Société Civile invite la population à maintenir la mobilisation jusqu’au départ du dirigeant Lavalas.

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