Au lendemain du sit-in contre le kidnapping organisé devant la résidence du premier ministre, la sociologue Michèle Oriol, rappelle que la manifestation n’est pas un comportement spontané chez les citoyens haïtien, pour expliquer la faible affluence constatée lors de ce mouvement citoyen.
Intervenant pendant le journal du matin de Radio Métropole, elle a expliqué que mobiliser les gens pour sortir dans la rue requiert, une organisation et un financement important qui sont loin d’être à la portée de simples structures citoyennes. De ce fait les mouvements de rues ne sont plus, selon elle, le bon thermomètre pour mesurer comment la population vit une situation. C’est simplement une pratique utilisée par certains pour adresser un message à la communauté internationale, estime Michèle Oriole.
Par ailleurs, la sociologue s’intéresse également à la justice spontanée qui se fait jour ces derniers temps dans certaines régions du pays :
« Le niveau de mépris pour les institutions en est arrivé à un point tel que beaucoup de citoyens n’hésitent plus à se faire justice eux-mêmes. Depuis 1986, le processus a été lent, mais nous en sommes parvenus à un niveau où le lynchage de suspects peut paraitre la meilleure solution pour mettre fin à l’impunité. »
La sociologue juge que les cas répertoriés sont un très mauvais signal adressé à l’ensemble de la société.
Si la police et la justice étaient en capacité de faire leur travail le problème du lynchage ne se poserait pas, assure-t-elle. A son sens, ces deux institutions doivent faire l’objet de réformes profondes.
Revoir les modes de coopération entre les deux institutions pour les rendre plus efficaces est une urgence, juge la chercheuse.
Même si elle ne s’exprime pas avec vigueur dans les rues, cette revendication est présente au sein d’une société haïtienne qui aspire à ce que l’état assure enfin la sureté de ses citoyens, conclut la sociologue Michèle Oriol.
AL/Radio métropole