NON, Haïti n’est pas le nombril du monde

690

Depuis qu’Haïti s’est lancé dans l’exercice démocratique il y a plus de 30 ans, les crises n’ont pas cessé. Elles ont pris différentes formes, mais elles ont toutes contribué à déstabiliser le pays, ralentir la croissance économique et à affaiblir la nation face au reste du monde.

Depuis 2012, Haïti n’a connu un peu de répit que durant la transition de 2016. Depuis Michel Martelly jusqu’à Jovenel Moise la cohabitation entre le pouvoir et l’opposition demeure difficile. Les rares accords qui ont été trouvés étaient éphémères et chaque jour les partis se radicalisent un peu plus.

Dans un pays où les politiques publiques n’existent pas ou ne sont pas appliquées, dans un contexte où il manque quasiment tout aux haïtiens, un président fait  du maintien du pouvoir son principal objectif. Alors que parallèlement l’opposition qui devrait être l’alternative avec de meilleures propositions n’a d’agenda que le renversement du pouvoir.

En Haïti, tout est politique, mais personne n’en fait réellement comme si parler politique pouvait suffire à résoudre les problèmes. Lesquels problèmes ne pourront jamais trouver de solutions tant qu’ils sont traités sur le terrain politique. La sécurité, la justice, l’éducation ou encore la santé ne font objet d’aucune politique publique mais leur gestion est politique.

Haïti multiplie les crises comme si c’était le sport national. Les acteurs sont guidés par l’orgueil et croient agir dans l’intérêt du peuple haïtien en refusant de s’assoir afin de trouver une solution. Le pire, qu’il s’agisse du pouvoir en place ou de l’opposition, ils veulent tous plaire à la communauté internationale, ils attendent tous que les pays dits amis d’Haïti prennent position en leur faveur et les légitiment.

Sauf que cette communauté internationale semble fatiguée de jouer au babysitteur. De plus en plus, certains partenaires se désengagent sur la crise haïtienne. Comme s’il avait vu venir cette situation, le président dominicain, en campagne avait demandé à l’ONU et à l’OEA de ne pas laisser la république dominicaine gérer seule ce fardeau que représente Haïti. Et aujourd’hui encore, les autorités dominicaines tentent d’attirer l’attention de cette communauté internationale sur la situation en Haïti, mais le retour n’est pas rassurant. A deux reprises, elles ont essayé d’insérer le dossier d’Haïti dans des échanges avec des partenaires qui ont fait montre de très peu d’intérêt. Le monde ne tourne pas autour d’Haïti, il y a des problèmes partout semblent dire ces acteurs.Alors Agissez comme si Haïti était le nombril du monde, affrontez-vous en espérant que les autres vont venir trancher, cherchez à impressionner le blanc par tous les moyens, et le pays continue sa décente aux enfers pendant que la communauté internationale salvatrice se concentre sur ceux qui peuvent faire bouger l’économie mondiale, qui créent de la stabilité et la richesse dans la région.

Luckner GARRAUD Journaliste Radio/Télé Métropole


Publicité