Nouvelle constitution : que sont devenus les contre-pouvoirs s’interroge Chantal Hudicourt-Ewald

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L’avertissement ne vient pas de n’importe qui. En effet Chantal Hudicourt-Ewald a participé en 1987 au processus d’élaboration de l’actuelle constitution et à ce titre pose un oeil expérimenté sur le texte de la nouvelle loi mère actuellement en chantier.

Et ce n’est pas sans une certaine appréhension que l’avocate avoue avoir constaté un revirement total entre les deux constitutions. Beaucoup de contrepoids au niveau de l’état ont disparu regrette-t-elle :

«  Les parlementaires ne pourront plus légiférer que dans 15 domaines, les autres sphères relèveront du pouvoir règlementaire qui est entre les mains de l’exécutif. La cour des comptes se voit dépouillée d’une partie de ses prérogatives par la création d’une juridiction administrative. Ses membres qui seront nommés par le président et les parlementaires ne seront plus inamovibles. Où sont les contre-pouvoirs au sein de l’état ? » s’interroge l’ancienne constituante.

Dans un registre plus anecdotique, elle note aussi la disparition d’article condamnant le culte de la personnalité ou encore de ceux interdisant la confiscation des biens, la déchéance de nationalité ou l’exil pour des raisons politiques.

« Autant de protections des citoyens haïtiens, qui ont été retirées. Est-ce une volonté de revenir à un état antérieur ? » questionne la juriste.

Dans l’ensemble Chantal Hudicourt-Ewald n’est pas opposée à un changement de constitution, mais elle souhaiterait que le travail d’élaboration soit soigné et surtout plus participatif :

«  Vouloir organiser un referendum sur un texte comprenant plus de 250 articles sans réaliser une vaste promotion dans les médias d’état est un leurre. En ce sens il faut s’inspirer de l’immense travail participatif réalisé en 1987, sinon on se dirige droit vers un échec. »

Un échec qui sera préjudiciable à tous assure la constituante.

AL/Radio Métropole

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