La police nationale au Cap-Haïtien a dispersé, à grand renfort de gaz lacrymogène, deux (2) manifestations parallèles organisées ,l’une par le Front de l’Opposition dans le Nord (FRON) et l’autre, par des partisans du Pouvoir en place, le dimanche 14 septembre 2003. Ces derniers qui voulaient à tout prix perturber la marche de l’Opposition dans la deuxième ville du pays ont lancé, en présence des agents de l’ordre, des pierres et des tessons de bouteilles dans toutes les directions. Le Front Nord déplore plus d’une dizaine de blessés suite aux violences déclenchées par les membres d’Organisations Populaires (OP) Lavalas . Les violences du Cap étaient annoncées par les OP qui avaient demandé aux propriétaires de pompes funèbres de se tenir prêts. Et ceci, en dépit de certaines dispositions prises la veille par les responsables policiers sous la supervision de l’OEA. Tôt dans la matinée de dimanche un calme régnait dans la métropole du Nord et trente (30) minutes avant l’heure fixée pour la manifestation, les militants de l’Opposition étaient déjà debout à la rue Espagnol, intersection rue 18, lettre L. La police, présente à l’avant et à l’arrière de la manifestation, fait signe de démarrer mais la foule ne consent qu’à bouger après l’exhortation de Jean Robert Lalane, directeur de Radio Maxima et dirigeant du FRON. Dix (10) heures passées de trente (30) minutes, le cortège fait de plusieurs centaines d’opposants à Lavalas s’ébranle. Dirigeants du Front du Nord et ceux de l’Opposition venus de Port-au-Prince, au coude à coude, constituent la ligne de front. Direction vertières et pour faire la route, une cible, un refrain, un slogan :« A bas Aristide ». Et au fur et à mesure que la manifestation avance , la foule grossit, des femmes revenant de l’église déposent bible et livret de chants pour brandir la Constitution ou une branche d’arbre aux côtés des enfants, des jeunes et des vieux. Le long de la rue Espagnol, des sympathisans ,perchés sur leurs balcons ou debout sur le trottoir , disent au moins un mot contre Jean Bertrand Aristide. A proximité de la rue 8, l’Opposition se rend contre qu’il y a un problème ; Lavalas arrive en face avec le même slogan de toujours « Vive Aristide pour 5 ans ». Certains lavalassiens se disent prêts à attaquer les membres de l’Opposition . En face, la foule traine les pieds mais plusieurs dizaines de militants de l’Opposition partent en éclaireur, ils déclarent n’avoir peur de rien. A l’arrière, c’est la Police qui est sollicitée. La police s’empresse de former un cordon de sécurité, 6 blocs séparent les deux (2) groupes. Quatre minutes de résistance et le cordon de policiers plie sous la pression de l’Opposition qui prend position désormais à la rue 3, la police se renforce mais contrôle à peine la situation. Dans le secteur occupé par Lavalas , jets de pierres sont lancés et à la police de riposter. Mais à chaque fois, Lavalas se retranche derrière l’Eglise du Sacré-Coeur, dans le cimetière ou le marché, et de là, les jets de pierres affluent. L’Opposition piaffe d’impatience et c’est à ce moment que les policiers sortent leur jocker : du gaz lacrymogène pour tout le monde et en grande quantité. En un clin d’oeil, la rue est vidée. Les yeux qui grattent, un visage qui pique, dans beaucoup de foyers, le cauchemar s’est poursuivi.
Nouvelles violences policières au Cap-Haitien à l’occasion de manifestations pro et anti gouvernementales
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