Politique haïtienne ou l’art de gaspiller ?

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Le referendum constitutionnel est ajourné ; c’est un communiqué du conseil électoral qui annonce cette grande décision. Aucune interview, pas de conférence de presse; le CEP se tait, l’exécutif se terre. Cet évènement de grande importance qui a mobilisé temps, énergies et argents ne se tient plus à la date fixée préalablement et c’est un simple communiqué que les autorités balance et elles sont déjà prêtes à passer à autre chose. D’ailleurs le pouvoir n’avait même pas attendu l’annonce officielle du report pour tirer un trait sur ce qui devait être le plus grand accomplissement du président Jovenel Moise. Dimanche, évoquant la situation sécuritaire du pays, le premier ministre Claude Joseph avait déploré  une détérioration du climat à quelque jours de l’arrivée de la mission de l’OEA et à quelques mois de la tenue des élections, le referendum était déjà absent dans les discours.

Pour doter le pays d’une nouvelle constitution, le président Jovenel Moise était sans appel, le referendum devait avoir lieu à tout prix. Alors que très tôt, nombreuses voix avaient dénoncé le mode choisi par l’exécutif pour modifier la loi mère, l’équipe au pouvoir a quand même plongé le pays dans une polémique autour de ce dossier. Pendant plus de 6 mois, les citoyens ont dû supporter discours de haine, menaces et incertitudes. Encore une fois, des sujets importants ont été relégués au second plan pour le malheur des plus vulnérables notamment. Un pays divisé, beaucoup d’argents dépensés, un peuple traumatisé vivant au rythme des appels à la violence et finalement personne n’a de garantie qu’une prochaine date sera fixée pour ce referendum. A entendre le président Jovenel Moise après sa rencontre avec les émissaires de l’OEA, si dialogue il doit en avoir, ce sera pour aboutir à la tenue des élections.

Le scrutin du 27 Juin est ajournée, mais l’opposition ne peut pas célébrer sa petite victoire car elle gère sa petite crise : la division.

Au cours de l’année 2020, durant plusieurs mois, les opposants au pouvoir ont maintenu la société haïtienne dans une illusion pour certains et confusion pour d’autres avec une éventuelle fin de mandat présidentiel le 07 février 2021. Comme c’est le cas à chaque fois, la presse est envahi, un seul sujet tient l’actualité. Entre menaces et appels à la violence, le pays est plongé dans l’attentisme, l’économie se contracte, les citoyens redoutent le pire. L’opposition multiplie les alliances, un accord est trouvé ; l’objectif étant de nommer un président pour remplacer Jovenel Moise le 07 Février 2021. Joseph Mécène Jean Louis est désigné et après 4 mois, il est la cause de la division qui règne entre ceux qui l’avaient mis au-devant de la scène. Aujourd’hui, le secteur démocratique et populaire reste accroché au choix du Juge Jean Louis alors que les autres structures signataires de l’accord du 30 Janvier sont en quête d’un exécutif sans président pour conduire la transition.

Le pouvoir improvise et gaspille l’argent du pays,  l’opposition tâtonne et gaspillent le temps des citoyens, les haïtiens, eux,  perdent du temps, de l’argent, ils perdent confiance et surtout Espoir.

Luckner GARRAUD

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