Powell exhorte Aristide à réfléchir sur son avenir en Haïti

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Les Etats-Unis ont exhorté jeudi le président haïtien Jean-Bertrand Aristide à s’interroger sur son maintien à la tête du pays, remettant pour la première fois en question sa capacité à rester au pouvoir face aux insurgés qui menacent désormais la capitale haïtienne. Aristide ayant répété jeudi qu’il refusait de démissionner avant la fin prévue de son mandat, en 2006, le secrétaire d’Etat américain Colin Powell a fait écho à la France en exhortant le président haïtien à prendre une décision quant à son avenir à la tête du pays. « C’est un président démocratiquement élu mais sa présidence est en difficulté », a déclaré Powell. « Et je crois, comme l’ont dit un certain nombre de personnes, qu’il doit se demander s’il peut ou non demeurer président. J’espère qu’il va y réfléchir attentivement, en prenant en compte l’intérêt du peuple haïtien. « Je sais que le président Aristide a à coeur l’intérêt du peuple haïtien », a-t-il poursuivi. Washington n’est pas parvenue à faire aboutir un compromis entre le gouvernement et les rebelles. Or les scénarios qui se profilent en cas de maintien au pouvoir d’Aristide ne sont pas du goût des Etats-Unis: soit il est renversé, soit des forces étrangères interviennent pour mettre fin à l’insurrection armée, qui a fait une soixantaine de morts jusqu’ici. Un responsable américain a déclaré sous le sceau de l’anonymat que Powell, jeudi, avait « laissé la porte ouverte » à un éventuel départ d’Aristide. Il a souligné qu’une crise similaire survenue à la fin de l’année dernière en Bolivie avait été réglée par le départ du président sous la pression de la rue, qui avait permis la mise en place d’un gouvernement de transition. « Il (Aristide) n’en pas encore là », a souligné toutefois le responsable. Powell a dit que l’administration Bush était prête à soutenir la création d’une « force internationale qui se déploierait à Haïti pour contribuer à la mise en place d’un gouvernement de transition ». Les insurgés haïtiens contrôlant à présent la moitié du pays et menaçant la capitale, Port-au-Prince, d’aucuns reprochent aux Etats-Unis d’être intervenus trop tard dans le conflit, condamnant de facto Aristide à perdre le pouvoir. Parallèlement, la compagnie aérienne américaine American Airlines a annoncé la suspension jusqu’au 3 mars de ses cinq liaisons quotidiennes avec Haïti, soulignant que ses employés avaient du mal à gagner l’aéroport de Port-au-Prince. La compagnie a fait savoir que son dernier vol en provenance de Haïti avait quitté la capitale jeudi après-midi. WASHINGTON (Reuters)

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