Paris insiste sur « l’urgence » à trouver une sortie de crise pour Haïti

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« Dorénavant chaque heure compte »: Paris accentue sa pression sur Jean-Bertrand Aristide, dont Washington, à son tour, envisage ouvertement le départ. Dominique de Villepin a répété vendredi devant une délégation du gouvernement de Port-au-Prince qu’il appartient au président haïtien de « tirer les conséquences de l’impasse » actuelle. Le chef de la diplomatie française, qui avait invité en début de semaine gouvernement et opposition à venir le rencontrer à Paris, a reçu dans la matinée son homologue haïtien Joseph Philippe Antonio, accompagné du directeur de cabinet de Jean-Bertrand Aristide, Jean-Claude Desgranges, de sa ministre de la Culture Lilas Desquiron, et de l’ambassadeur d’Haïti en France Robert Saurel. Dominique de Villepin espère encore recevoir « dès que possible » la semaine prochaine une délégation de l’opposition, retenue pour l’heure à Port-au-Prince par les annulations de vols en partance de la capitale, selon le quai d’Orsay. Devant la délégation gouvernementale, le ministre français « a rappelé que dorénavant, chaque heure comptait si l’on voulait éviter une spirale de violence qui serait incontrôlable », selon un communiqué du quai d’Orsay, lu par son porte-parole Hervé Ladsous. A l’heure où Port-au-Prince vit son la menace de l’avancée des rebelles, M. de Villepin a souligné devant les représentants gouvernementaux l' »urgence » à « avancer dans la recherche d’une solution politique ». Une solution politique qui ne peut, pour l’opposition haïtienne, réunie au sein de la Plate-forme démocratique, que passer par le départ d’Aristide. Alors que le président haïtien répétait encore la veille, sur CNN, qu’il irait au bout de son mandat, Dominique de Villepin a réaffirmé que c’est au président Aristide, « qui porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle », qu’il appartient de « tirer les conséquences de l’impasse ». Le chef de la diplomatie française, qui s’est entretenu à plusieurs reprises ces derniers jours avec les Américains et les Canadiens, a ainsi pu mettre en avant vendredi « la totale convergence de vues qui existe à cet égard entre les Etats-Unis, le Canada et la France ». Car si la France a « lâché » Aristide mercredi soir avec la longue déclaration de Dominique de Villepin, les Etats-Unis, plus hésitants, ont à leur tour franchi le pas. Jeudi soir, le secrétaire d’Etat américain Colin Powell a invité Jean-Bertrand Aristide à trancher « dans l’intérêt du peuple haïtien » la question de savoir s’il peut ou non rester au pouvoir. Le ministre a donc rappelé à ses visiteurs haïtiens les propositions de sortie de crise qu’il avait formulées mercredi, initiative française également présentée au Conseil de sécurité de l’ONU le lendemain. Outre la formation d’un gouvernement d’union nationale de transition, prévue par le plan de paix de la Caricom, il propose notamment la mise en place immédiate d’une « force civile de paix » internationale et une « assistance internationale pour préparer l’élection présidentielle ». La délégation haïtienne a « entendu » les propositions du ministre, selon Hervé Ladsous, qui s’est refusé à tout autre commentaire sur la façon dont les propos du ministre avaient été accueillis. De son côté, le chef de la diplomatie haïtienne, sorti sans mot dire de la réunion, a ensuite annulé la conférence de presse qu’il devait donner dans l’après-midi, ne souhaitant plus, apparemment, s’exprimer devant les journalistes. AP

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