La quinzaine de travailleurs d’Hydro-Québec qui se trouvent en Haïti depuis la mi-novembre ne s’affairent pas qu’à remonter le système électrique des Gonaïves, détruit par l’ouragan Jeanne. Ils doivent en plus se soumettre à des mesures de sécurité exceptionnelles compte tenu de la situation explosive qui sévit dans le pays. « Pour accomplir notre travail ici, on va prendre trois fois plus de temps que normalement, explique Gilbert Paquette, le chef de la mission. Notre sécurité en Haïti est souvent mise en péril. Nous devons traverser des barrages routiers tenus par des terroristes. Aux Gonaïves, nous travaillons dans la poussière- les nuages de poussière enveloppent la ville du matin au soir. La majorité des rues transversales sont impraticables en raison des amoncellements de terre résultant de l’ouragan. Nous côtoyons la pauvreté jour après jour, avec le résultat que nous perdons énormément de temps dans l’organisation de notre travail. » La semaine dernière, un voleur s’est emparé du 4 x 4 de M. Paquette après l’avoir braqué avec son arme en plein centre-ville des Gonaïves. Heureusement, tout s’est bien terminé. M. Paquette a récupéré son véhicule un peu plus tard, mais tous les pneus (le pneu de secours y compris) avaient été crevés à coups de couteau. « S’il fallait s’arrêter à ce genre d’incidents, tout le monde qui joue un rôle d’aide humanitaire en Haïti quitterait le pays. Nous avons une mission à remplir et nous irons jusqu’au bout. À moins que le climat social ne dégénère et mette nos vies en danger », explique M. Paquette. Une procédure d’urgence a été établie par Hydro-Québec pour protéger son personnel. D’autant plus que la quinzaine d’électriciens et de monteurs de lignes doivent faire deux heures de route pour se rendre aux Gonaïves à partir de leur hôtel, situé à Moulin-sur-Mer, à 160 km de là. « Durant le trajet, explique M. Paquette, on se rapporte aux demi-heures. On le fait aussi pendant notre journée de travail, pour nous assurer que toutes les équipes sont en sécurité. » Tout est à faire Cette équipe d’Hydro-Québec quittera Haïti le mois prochain. C’est à la suggestion du premier ministre Jean Charest que la société d’État a débloqué un budget de quatre millions pour venir en aide à Électricité d’Haïti, complètement impuissante face aux événements tragiques qui ont fait au moins 3000 victimes et 250 000 sinistrés aux Gonaïves le 18 septembre dernier. « Le réseau d’électricité était déjà désuet avant même la frappe destructrice de Jeanne », raconte Gilbert Paquette, ajoutant que le but de son groupe n’est pas que de remettre le réseau en état, mais aussi de donner une formation professionnelle aux monteurs de ligne haïtiens, pour qu’ils puissent prendre le relais après leur départ. Quatre camions- dont deux avec nacelles- ainsi que différentes pièces d’équipement seront remis à Électricité d’Haïti. Pierre Bellemare, La Presse, 19 décembre 2004.
Problème de sécurité pour Hydro-Québec en Haïti
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