L’Organisation des Etats Américains (OEA) a rendu public le rapport de sa commission d’enquête sur les violences du 17 décembre 2001. Dans ce document de 87 pages contenant 22 recommandations, les enquêteurs ont analysé la situation politique du pays à la lumière des évènements du 28 juillet et du 17 décembre. La commission est très critique vis-à-vis des pouvoirs publics . Dans le chapitre des conclusions du rapport, les enquêteurs reconnaisent qu’il y a eu effectivement une attaque contre le Palais National à Port-au-Prince réalisée par des experts dans le maniement d’équipements militaires mais rejette carrément la thèse de » coup d’Etat » avancée par le régime Lavalas sans toutefois confirmer la version » coup monté par le pouvoir » avancée par l’Opposition. “L’objectif de l’attaque contre le Palais ne concorde pas avaec l’objectif de réaliser un coup d’etat” lit-on au point A-6 du chapitre des conclusions . Les moyens pour un tel objectif n’étaient pas à la portée des assaillants , soutiennent les enquêteurs. De plus, le 17 décembre 2001 n’avait aucun lien direct avec les violences du 28 juillet de la même année. Qui a attaqué le Palais? le rapport est muet là-dessus. “Je ne peux dire que la Convergence était impliquée , ce » coup d’Etat » pourrait avoir son origine n’importe où “, déclare de Jonas Petit, chef a.i. de la Fanmi Lavalas devant la commission d’enquête mais René Civil et Paul Raymond deux (2) dirigeants d’OP Lavalas considérés par plusieurs comme des extrémistes, selon le rapport , sont les seuls à affirmer que l’Opposition avait une responsabilité dans cette attaque. Toutefois, dans ses conclusions, le rapport indique que l’Opposition n’a ni planifié ni exécuté l’attaque contre le Palais . Dans le chapitre des responsabilités de l’attaque, la Police Nationale d’Haiti (PNH) l’emporte en quantité soit pour des raisons de déficiences dans le haut commandement, manque de matériel , faiblesse de personnel, non-existence d’un service de renseignement et non résistance aucune par rapport aux assaillants. Il est à noter que le rapport a aussi établi que l’entrée principale conduisant au Palais National n’était ni vérouillée ni enchainée cette nuit-là . Ce qui ramène les enquêteurs à la conclusion que l’attaque n’aurait pas pu avoir lieu sans la complicité de quelques officiers de police de différentes unités . Quant à l’attaque contre l’Opposition, les assaillants ont agi en toute impunité et continuent de jouir de l’immunité de la part des institutions judiciares et d’investigation du pays, dit le rapport . Le document poursuit que les assaillants ont reçu des armes de fonctionnaires du gouvernement et du parti (au pouvoir) et ont été transportés dans des véhicules officiels devant les locaux des partis de l’Opposition et de leurs dirigeants. Le texte indique que la police nationale est restée passive et indulgente devant ces actes de violences et révèle en outre que dans plusieurs circonstances , des officiers de police et des fonctionaires ont été complices de ces attaques contre l’Opposition . Qualifiant la police nationale de force amateuriste et incapable, les enquêteurs indiquent que les OP ont démontré leur puissance ce jour-là . Contrairement à ce qu’affirme Jean Bertrand Aristide, l’enquête révèle qu’aucune de ces attaques à savoir 28 juillet et 17 décembre ne visait directement et physiquement le président de la République .Quant aux attaques, menaces et intimidations contre la presse , elles se sont produites avec la tolérance du gouvernement ,soutient le rapport et les auteurs de ces actes continuent toujours de jouir de l’immunité, ajoute-il. En guise de recommandations, les enquêteurs de l’OEA appellent le parti au pouvoir et l’Opposition au respect mutuel et à l’établissement d’un climat de confiance . En même temps, le gouvernement devrait renforcer les institutions démocratiques à savoir l’indépendance judiciaire, la professionalisation de la police . Dans le chapitre des poursuites à entamer , les enquêteurs demandent que toute personne dont la participation aura été établie dans ces actes de violences soit poursuivie sans delai et recommandent que le gouvernement ordonne la libération de toute personne ayant bénéficié d’une décision de justice dont les cas n’ont pas fait l’objet d’une enquête dans le délai imparti par la loi . La commission d’enquête de l’OEA suggère que le gouvernement procède au désarmement des Organisations Populaires .
Publication de l’enquête de l’OEA sur les évènements du 17 décembre 2001: le Pouvoir est sur la sellette
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