Zones d’ombre dans le rapport de l’OEA sur les évènements du 17 décembre

Le rapport tel que produit par la commission de l’OEA laisse encore plus d’un perplexe avec des flous et des non dits à la fois évocateurs et évasifs. La commission confirme qu’effectivement il y a eu une attaque contre le Palais National à l’aube du 17 décembre 2001 sans en préciser les auteurs. Toutefois, l’enquête a permis aux investigateurs de relever que l’attaque a été effectuée par des personnes versées dans l’utilisation d’armes militaires lourdes. L’armée d’Haïti a été dissoute de fait depuis plusieurs années et cette remarque sous entendrait que l’attaque pourrait avoir été perpétrée soit par des anciens militaires soit par des membres de la Police nationale ou encore des mercenaires venus de l’extérieur. Quant à cette dernière hypothèse dans le cas où elle serait plausible, le gouvernement Lavalas pourrait se sentir confortable dans sa thèse de  » coup d’Etat manqué », d’autant que les informations véhiculées par les responsables gouvernementaux aux premières heures du lundi 17 décembre faisaient état de personnes s’exprimant en langues étrangères notamment en espagnol. A ce niveau, la commission n’a pas éclairé la lanterne de ceux qui s’attendaient à un rapport concluant en ce sens. De plus, l’OEA n’insinue rien qui pourrait faire allusion à la participation d’une main étrangère quelconque au mouvement . D’ailleurs, les enquêteurs de l’OEA ont totalement innocenté l’Opposition haïtienne, principale victime des violences aveugles qui ont suivi l’attaque contre le Palais National. La question à se poser est la suivante qui a tramé ce coup et dans l’intérêt de qui ? A ce niveau là, les enquêteurs obligent les commentateurs politiques à se tourner vers un autre secteur en traçant des pistes pour diligenter d’autres enquêtes . En effet, la commission d’investigation de l’OEA avance la possibilité de complicité de certains officiers de la Police Nationale d’Haïti (PNH) , de différentes unités à l’accès du siège de la présidence aux assaillants non identifiés . Mais l’important rôle joué par la SWAT Team, selon le rapport, dans la poursuite des assaillants n’a pas été déterminant dans l’identification des assillants encore moins dans l’objectif de cette attaque. Et justement, l’OEA relève une différence de concordance dans l’objectif d’un  » coup d’Etat « , et celui de l’attaque contre le Palais National. Cela dit, l’OEA veut clairement insinuer que la thèse de coup d’Etat est à rejeter. De plus, écrivent les enquêteurs qui ont tenté d’établir des liens entre les actes de violence du 28 juillet et ceux du 17 décembre 2001, aucune de ces attaques ne visait ni directement ni physiquement le président de la République. Mais en fait, quel était le mobile de ces attaques d’abord contre l’Académie de police et contre le Palais ? Tout en étant muet sur ces questions, le rapport fait toutefois remarquer que la mise à sac et l’incendie des quartiers généraux des partis politiques ont été prémédités et ne dit pas non plus par qui. Néanmoins, l’OEA qui souligne la passivité de la police lors de ces attaques ,affirme dans ce document que des armes ont été distribuées par quelques fonctionnaires du gouvernement et du parti (au pouvoir ). Et les assaillants ont été transportés dans des véhicules officiels. En évoquant la tolérance du gouvernement , la passivité de la police au moment de ces incidents, les enquêteurs de l’OEA mettent à l’index implicitement le gouvernement, autrement dit ce serait un coup monté, analysent certains observateurs politiques . Dans les faits, estiment plus d’un, ce rapport est accablant pour le gouvernement qui avait lui même invité l’OEA à venir enquêter sur ces évènements. Si l’Opposition n’est pas dans le coup, comme l’affirme de façon nette et claire l’OEA, qui y est ? D’autres observateurs attendent également de pouvoir percer le mystère qui entoure les évènements du 28 juillet 2001. Les analystes politiques attendent le rapport d’enquête du gouvernement qui pourrait , grâce à la confrontation des données, aider à faire le jour sur ces évènements . Entre-temps, la date de sa publication n’est plus connue et le processus de négociations de sortie de crise apparait plus que jamais dans l’impasse.

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