La tournée officielle de Martelly à Washington D.C. la semaine écoulée a été suivie avec beaucoup d’intérêt en Haïti. Obama a reçu Martelly en chef d’Etat au prestigieux bureau Oval, symbole du pouvoir de la présidence des Etats-Unis. « Une belle victoire pour Haïti et la démocratie ! » Néanmoins, les opinions divergent. Du secteur religieux, en passant par les représentants des Organisations de la société civile aux hommes et femmes politiques, les notes se contredisent. Le président de la Fédération Protestante d’Haïti, Pasteur Sylvain Exantus, qualifie la rencontre de Martelly et Obama d’ « une bonne chose pour le pays et également pour le Président Martelly » Pour le Pasteur, « c’est un premier pas important » auquel il convient au Président à entretenir en appliquant une bonne gouvernance. « Le Président doit s’appliquer à éviter toute dérive, dit-il, afin de maintenir cette amitié entre les deux pays », soulignant que le respect « des valeurs démocratiques » est la règle du jeu. Pasteur Exantus invite à la « fortification de cette amitié », qui selon lui est une bonne initiative, afin qu’ « Haïti puisse savoir qu’elle peut compter sur un ami et que les Etats-Unis puissent mieux comprendre le pays. » Monseigneur Patrick Aris de la Conférence Episcopale d’Haïti pour sa part, semble avoir fait une lecture un peu plus nuancée de cette rencontre. Pour lui, la rencontre des deux hommes n’est qu’une victoire de la diplomatie interne de l’administration de Martelly, rappelant que cette rencontre a été décrochée après trois ans « alors qu’on sait qu’il y a eu depuis longtemps des démarches qui n’ont pas abouti.» Le prélat qui ne voulait pas donner clairement son avis sur les retombées de cette rencontre, estime que cela apporte beaucoup plus de visibilité au pays, expliquant cependant que « cette question de visibilité ou d’accréditation internationale ne veut pas dire immédiatement que le pays est sur les rails ou pas.» « Une rencontre peut être un rappel à l’ordre, une rencontre de bonne familiarité, pour donner des instructions ou une rencontre entre partenaires pour discuter des affaires d’intérêts communs », dit-il, affirmant qu’il n’a pas d’opinion arrêtée sur la rencontre entre les deux présidents. Pour Max Beauvoir, numéro un du secteur vaudou en Haïti, plus radical, voit dans cette rencontre une mise en scène théâtrale de la même logique que le dialogue initié par la CEH, ne charriant pas l’aspiration de la population. Ati National dit n’attendre rien de positif de cela. «Non seulement je crois qu’il n’y a rien de positif qui puisse sortir de cette rencontre, mais je crois aussi que ce sera négatif et contre l’intérêt de la population», a-t-il fait remarqué. Rosny Desroches de l’ISC estime que c’est normal qu’Obama s’intéresse à Haïti vu la taille de la diaspora haïtienne impliquée dans la vie à tous les niveaux aux Etats-Unis. « Les relations commerciales et géopolitiques entre les deux pays » peuvent être une autre raison poussant Obama à entretenir avec son homologue haïtien, ceci pour s’assurer qu’ « Haïti ne représente pas une menace pour sa sécurité intérieure », a avancé Rosny Desroches, estimant que vu le positionnement d’Haïti par rapport à des courants de gauche dans la région notamment l’ALBA, « Obama a voulu s’assurer qu’Haïti est un allié et non un ennemi » De son coté, Fednel Monchery, porte parole du consortium des partis politiques proche du pouvoir, salue la rencontre des deux hommes avec ardeur. Pour lui, « ce n’est pas un cadeau », se réjouissant que « cette rencontre traduit une reconnaissance des efforts du gouvernement pour mettre le pays sur les rails du développement.» La Présidente de la Fusion des Sociaux Démocrates, Mme Edmonde S. Bauzile voit dans « cette rencontre un plus pour le pays » et ceci «quelque soit le président haïtien qui aurait rencontré un président américain» toutefois, elle souhaite que Martelly ne« l’utilise pas à des fins politiques pour sa personne». Sceptique, Mme Bauzile « croit que ce n’est qu’a l’avenir qu’on saura réellement les conséquences de ce tête-à-tête entre Martelly et Obama.» Dans un communiqué, le bureau de Presse de la Présidence haïtienne a fait état de rencontre cordiale entre les deux chefs d’Etat. Selon ce communiqué, Barack Obama a fait éloge de Martelly en saluant les progrès de son administration dans divers domaines, et a rappelé les liens qui existent entre les deux peuples. Rappelons qu’a la veille de la tournée du Président de la République à la Maison Blanche, le comité du renseignement du Sénat américain a placé Haïti dans la liste des pays qui représentent une menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis. Pourtant, quelques semaines avant, le Département de la Défense des États-Unis avait annoncé qu’il allait retirer Haïti de sa liste des pays classés comme « Zones de Danger Imminent. » MJ/Radio Métropole
Rencontre Martelly-Obama : Les opinions divergent
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