République dominicaine: Leonel Fernandez remporte la présidentielle

Le candidat libéral Leonel Fernandez, qui a dirigé la République dominicaine de 1996 à 2000, a été réélu dimanche pour un nouveau mandat de quatre ans dès le premier tour de l’élection présidentielle en recueillant plus de 50% des suffrages, sur fond de crise économique et sociale. La victoire de M. Fernandez, 50 ans, a été reconnue par le président libéral sortant Hipolito Mejia, 63 ans, dans une déclaration au centre informatique de sa formation, le Parti de la Révolution dominicaine (PRD). « Je donne pour gagnant le candidat à la présidence Leonel Fernandez, celui qui gagne, gagne, et celui qui perd, perd », a déclaré dans une ambiance funèbre M. Mejia, probablement sanctionné par les électeurs pour la piteuse situation économique. Citant des résultats recueillis par son parti, M. Mejia a affirmé que son adversaire du Parti de la Libération dominicaine (PLD) avait recueilli 54% des voix contre 39% au PRD. « C’est votre victoire pour tous les Dominicains de l’intérieur et de l’extérieur », a déclaré le vainqueur, en arrivant à son siège de campagne, acclamé par ses partisans dansant au rythme « merengue » de l’une de leurs chansons de campagne « On va les mettre dehors ». La reconnaissance par le président de sa défaite est intervenue dans une ambiance de tension peu après la diffusion du premier bulletin de la commission centrale électorale donnant Leonel Fernandez vainqueur avec 51,16% des suffrages en se fondant sur 3% des bulletins, alors que circulaient par ailleurs des résultats extra-officiels confirmant la victoire du candidat du PLD. Les observateurs de l’Organisation des Etats américains (OEA) avaient même demandé aux partis politiques d’accepter les résultats « qu’ils leurs soient favorables ou non comme l’exige la Charte démocratique Interaméricaine » de l’OEA, a indiqué dimanche soir leur porte-parole Roberto Cuellar. La journée électorale, marquée par une forte participation dès les premières heures du scrutin, a cependant été assombrie par plusieurs incidents violents qui ont fait six morts et sept blessés. Le premier s’est produit peu après l’ouverture du scrutin, à Barahona, une ville touristique située sur la côte à 200 km à l’ouest de Saint-Domingue, où une discussion dans un bureau de vote entre militants du PRD et du PLD a dégénéré en fusillade, faisant trois morts et deux blessés. Toujours dans la province de Barahona, près d’un bureau de vote du village de Cabral, une famille, vivant à Saint-Domingue et qui venait voter dans son village natal, a été attaquée par un sergent de l’armée qui a tué deux frères. En représailles, des proches des victimes ont tué ensuite le militaire. Enfin, à Villa Altagracia, à 45 km à l’ouest de Saint-Domingue, cinq personnes ont été blessées lors d’une dispute liée à la présidentielle. Ces violences ont survenu après une dernière semaine de campagne électorale marquée par un durcissement des discours des principaux candidats, s’accusant de fraude ou de manipulations. Les opérations de vote ont été surveillées par 3.000 observateurs d’organisations civiles et 300 étrangers de l’Organisation des Etats américains (OEA) et du Centre Carter et pour la première fois, les 52.440 Dominicains qui vivent à l’étranger ont eu la possibilité de voter. L’un des premiers défis qui attend le nouveau président Leonel Fernandez est de poursuivre le redressement du pays plongé dans une crise économique et sociale depuis plus de deux ans avec une dette extérieure de sept milliards de dollars (quelque 6 milliards d’euros) et un accord stand-by en cours avec le Fonds monétaire international (FMI). Santo Domingo, AFP, 17 mai 2004

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