Scepticisme au sein de la classe politique haitienne vis-à-vis de l’OEA à la veille de l’Assemblée du Chili

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L’ Organisation des Etats Américains (OEA) se prépare à adopter une décision sur Haiti à l’occasion de son Assemblée Générale du 8 au 10 juin 2003 au Chili . Au sein de la classe politique , on ne se fait pas d’illusion sur la capacité de l’OEA à aider à trouver une solution à la crise qui dure depuis plus de trois (3) ans . Le gouvernement Lavalas à travers son ministre des affaires étrangères, Joseph Philippe Antonio, n’a pas l’air trop préoccupé par rapport à ce que l’assemblée de l’OEA à Santiago pourrait décider dans le cas d’Haïti. Le Pouvoir lavalas se retranche derrière ce qu’il appelle les avancées significatives dans la mise en oeuvre des résolutions 806 et 822. D’ailleurs , M. Antonio affirme que la Charte Démocratique ne sera pas évoquée . Ainsi, le régime ne se sent nullement concerné par l’avertissement lancé par le président du Conseil permanent lors de la session spéciale de l’Organisation, le 30 avril. Il est question que l’organisation hémisphérique utilise l’un de ses instruments dont elle dispose au cas où la démocratie est en danger dans un pays du continent. Allusion faite au piétinement enregistré dans la mise en oeuvre des résolutions 806 et 822. De plus, le gouvernement de Port-au-Prince est rassuré par le fait que la délégation internationale de haut niveau, lors de son passage en Haïti le 20 mars dernier , avait tenu à souligner que personne ne devait s’attendre à une invasion d’Haïti par des forces étrangères. Propos repris par le représentant de la mission spéciale de l’OEA en Haïti, David Lee, chaque fois que l’occasion se présente. Pourtant, des voix s’élèvent tant du secteur de l’Opposition que de la Société Civile pour demander à l’Organisation d’assumer ses responsabilités ou encore de passer le dossier à d’autres instances. Des opinions qui voient le jour après le constat d’échecs répétés de l’Organisation en Haïti depuis l’éclatement de la crise née des élections législatives et locales de mai 2000. Pendant ce temps, le gouvernement se targue de jouer son rôle en ce qui a trait au chapitre des réparations aux partis politiques victimes des violences du 17 décembre 2001. Port-au-Prince a aussi respecté un autre des neuf (9) points essentiels réclamés par l’International consistant en une cérémonie symbolique de destruction des armes dites saisies dans le cadre de la campagne de désarmement. Quelque 233 armes ont été détruites en l’absence notoire du chef de la mission, David Lee. Une attitude évocatrice de la position de l’Organisation Continentale. Dans la lignée, l’Organisation Hémisphérique ne semble pas trop satisfaite des dispositions prises, à la fois, par le Pouvoir pour créer un climat de sécurité propice à la tenue des élections et lutter contre l’impunité . Même s’il faut souligner que l’OEA est encore mitigée dans ses appréciations des décisions de justice prises dans les cas des journalistes assassinés Brignol Lindor et de Jean Dominique. Sur le dossier d’Amiot Métayer dont l’ arrestation est réclamée par l’International, l’OEA reste encore sur sa faim . Le fugitif et puissant chef d’OP des Gonaïves qui devait être reconduit en prison comme convenu entre le gouvernement Lavalas et l’OEA, vient d’être blanchi par la justice dans l’affaire des violences à « Jubilé ». En ce qui a trait à la professionnalisation de la Police Nationale d’Haiti (PNH), le déploiement des conseillers internationaux a débuté mais la nomination d’un nouveau patron à la tête de l’institution policière en consultation préalable avec le chef de la mission spéciale reste à faire, insiste l’OEA. A 72 heures de l’ouvertue de son Assemblée Générale à Santiago, l’OEA parait loin de faire naître l’espoir d’une résolution de la crise ou encore d’aider les haïtiens à sortir de l’impasse comme David Lee se plait d’ailleurs à le répéter.

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