Série d’enlèvements en Haïti, des étrangers pour la première fois visés

Deux étrangers, un Russe et un Indien, ont été enlevés ces dernières 24 heures en Haïti par des inconnus réclamant une rançon, a annoncé mercredi la Mission de stabilisation de l’ONU en Haïti (Minustah). Haïti est confronté depuis plusieurs semaines à une série d’enlèvements crapuleux commis par des inconnus qui s’en sont pris pour la première fois à des étrangers mardi et mercredi. Ces dernières 24 heures, un Russe et Indien ont été enlevés à Port-au-Prince, a annoncé mercredi lors d’une conférence de presse la Mission de stabilisation de l’ONU en Haïti (Minustah). Il s’agit des premiers étrangers enlevés en Haïti depuis la chute en février 2004 du président haïtien Jean Bertrand Aristide et le lancement quatre mois plus tard d’une opération de l’ONU avec 6000 Casques bleus destinée à stabiliser ce pays troublé des Caraïbes. En dépit de cette présence militaire et d’un début d’aide financière de la communauté internationale, l’insécurité reste un problème majeur en Haïti qui se prépare à des élections législatives et présidentielle en fin d’année. Ces enlèvements « ne représentent pas une situation facile. Ce n’est pas une affaire militaire, mais la Minustah travaille avec la police haïtienne pour trouver des solutions », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la Mission de l’ONU, Damien Anses Cardona. Le Russe, dont le nom n’a pas été rendu public, « a été enlevé à Port-au-Prince par des inconnus qui ont réclamé une rançon », a-t-il précisé. Il est employé par une société de services russe travaillant pour les aéronefs de la Minustah. « La Minustah va aider le gouvernement haïtien, la police nationale et les autorités russes afin de trouver une solution à cette affaire », a-t-il dit, tout en soulignant que les Casques bleus n’étaient « pas impliqués directement dans les négociations » pour faire libérer ce Russe. Le porte-parole n’a pas indiqué le montant de la rançon demandée. Certaines sources non confirmées ont fait état de 200.000 dollars. Des négociations seraient en cours et un éventuel versement pourrait être réduit à 2.000 dollars, selon les mêmes sources. Damien Anses Cardona a aussi annoncé l’enlèvement d’un industriel d’origine indienne, responsable d’une usine de plastique à Port-au-Prince. Mercredi matin, c’est une directrice d’école, de nationalité haïtienne, qui a été enlevée par des inconnus. Dans un communiqué publié mercredi, le secteur privé haïtien a appelé « à la mobilisation des différents secteurs de la population face à la montée de l’insécurité » en Haïti, pays le plus pauvre du continent américain où des élections générales sont prévues à la fin de l’année. Depuis plusieurs semaines, le nombre d’enlèvements à Port-au-Prince par des inconnus cherchant à gagner de l’argent s’est fortement accru. Les personnes enlevées sont souvent relâchées quelques heures ou quelques jours après contre le versement d’une rançon. La semaine dernière, ce fut ainsi le cas pour le dirigeant du parti haïtien Mouvement pour la reconstruction nationale (gauche), Jean Enold Buteau, enlevé par des hommes armés alors qu’il s’apprêtait à ouvrir sa clinique à Port-au-Prince, selon la police. Frère du ministre de l’Éducation nationale Pierre Buteau, le médecin avait été relâché le lendemain après le versement d’une rançon. En fin de semaine dernière, la porte-parole de la police haïtienne, Gessie Coicou, avait dénoncé, sans les identifier, « l’implication de policiers et de personnalités importantes » dans ces enlèvements, une « forme d’industrie qui rapporte gros ». AFP, Port-au-Prince, 5 mai 2005

Publicité