Des résidents de Cité Soleil sur le qui vive fuient leur quartier en proie à des actes de violence depuis l’assassinat , le 31 octobre 2003, de Rodson Lemaire dit Colobri. Outre ce climat d’insécurité, la population du plus grand bidonville de Port-au-Prince fait face à une misère infrahumaine. Cité Soleil devient de plus en plus invivable. Des cahutes s’enfoncent dans la boue, des corridors s’entrecroisent pour aboutir à des canaux d’évacuation remplis de détritus et d’eau puante. Dans ce décor malsain, des enfants pullulent, des marchands exposent leurs denrées, des chômeurs consomment du clairin et fument à longueur de journée pour masquer la réalité. Si la grande majorité des résidents de Cité Soleil ne semble pas se préoccuper de cette situation de misère extreme, par contre, la vague de violence déclenchée depuis l’assassinat de « Colobri » fait fuir pas mal de gens. D’autres résidents, des dissidents lavalas, n’entendent pas fuir leurs quartiers. Ils déclarent avoir identifié leurs ennemis: les hommes de « Dread Wilmen » et certains agents de la PNH affectés à Cité Soleil qui, selon eux, sont impliqués dans les récents cas d’assassinat contre « Colobri » et d’autres dissidents Lavalas. Et de la sorte, ils rejettent les déclarations faites par le secrétaire d’Etat à la communication, Mario Dupuy, qui a accusé ce qu’il appelle « le bras armé de l’Opposition » de manipuler les groupes rivaux de Cité Soleil dans le but d’entretenir un climat de violence non propice aux élections dans le pays. Accusation non fondée, répètent des dissidents Lavalas de Cité Soleil. Cité Soleil , lieu de concentration d’ une forte population de démunis, est réputée pour son attachement au Président Aristide mais depuis une semaine la tendance est la contestation du Chef de l’Etat suite à l’assassinat de « Colobri ». Les personnes défavorisées rappellent qu’elles ont, à plusieurs reprises, voté en masse Lavalas mais , 12 ans après, rien n’a vraiment changé. Ceux-là même qui sont sollicités à chaque scrutin constatent une détérioration accélérée de leurs conditions de vie. De son côté, l’ex-sénateur Samuel Madistin dénonce le « cannibalisme politique » qui est pratiqué, selon lui, par le régime Lavalas avec l’élimination des opposants et de ses partisans jugés encombrants. M. Madistin qui était l’invité du Journal du Matin de Radio Métropole du mercredi 5 novembre estime que le Pouvoir assume les crimes qui sont perpétrés à travers le pays . M. Madistin se dit préoccupé par la passivité de la justice qui n’arrive toujours pas à entendre de hauts responsables de l’Etat dont les noms sont cités dans des cas de meurtres par la population .
Situation toujours préoccupante à Cité Soleil environ une semaine après l’assassinat de « Colobri »
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