Tous les dominicains nés de parents haitiens déchus de la nationalité dominicaine

La décision de la Cour constitutionnelle dominicaine de déchoir tous les dominicains nés de parents haitiens de leur nationalité dominicaine continue de faire des vagues.Publiée ce jeudi, cette décision s’applique aux descendants de tous les Haïtiens qui, à partir de 1929, étaient venus en République Dominicaine travailler dans les champs de canne-à-sucre.Cette disposition affecte des milliers de Dominicains descendants d’immigrés haïtiens et pourrait, selon plusieurs experts, provoquer une grave crise des droits humains, justifier des déportations de masse et généraliser les comportements discriminatoires et racistes.Ira Kurzban, un avocat d’immigration à Miami, a déclaré ce vendredi qu’une telle décision induira une discrimination accrue et, éventuellement, la déportation de dizaines de milliers de personnes.La décision de la Cour est définitive et donne un délai d’un an à la Junte électorale dominicaine pour dresser la liste des personnes qui perdront ainsi leur citoyenneté, en dépit du fait d’être nés et d’avoir vécu toute leur vie en République Dominicaine.Il est difficle de savoir précisément le nombre de personnes qui seront touchées par cette surprenante disposition.Récemment, les autorités électorales dominicaines ont refusé de délivrer des cartes d’identité à environ 40.000 personnes d’origine haïtienne.Le gouvernement estime que quelque 500.000 personnes nées en Haïti vivent en République Dominicaine. »Le fait qu’on vous dise brusquement que vous n’êtes pas Dominicain est très frustrant », soupire Bida Elmo Joseph, un ancien étudiant de 21 ans qui s’était vu refuser des documents d’identité et une copie de son certificat de naissance parce qu’il est le fils d’immigrants haïtiens. »Tous mes rêves sont brisés », se lamente Bida, un joueur de baseball qui avait besoin de ces documents pour s’inscrire dans une académie de baseball.La préoccupation de tous ces nouveaux apatrides est la possibilité d’être expulsés manu militari vers Haiti, un pays qu’ils ne connaissent pas.David Abraham, professeur de droit à l’Université de Miami, a expliqué ce jeudi que la décision des autorités dominicaines faisait partie d’un effort plus vaste visant à empêcher les Haïtiens d’entrer en République dominicaine et à encourager leur auto-déportation.En Octobre 1937, le dictateur dominicain Rafael Leonidas Trujillo avait ordonné l’éradication massive de la population d’origine haïtienne qui vivait en République dominicaine.Les actions de ses soldats et de ses policiers contre des civils haïtiens, des ouvriers agricoles en majorité, s’étaient soldés par un nombre de morts que l’on situe généralement entre 20.000 et 35.000 personnes tuées, incluant des enfants dominicains issus de parents haïtiens.Les relations entre les deux pays s’étaient améliorées relativement après le séisme de 2010 qui a dévasté Haïti, tuant 300.000 personnes. Mais les tensions traditionnelles entre les deux pays s’étaient maintenues.Le bureau du Premier ministre haïtien Laurent Lamothe a refusé de commenter cette décision de justice.Jusqu’en 2010, la République dominicaine a accordé la citoyenneté automatique à toute personne née sur son territoire. Mais cette meme année, le gouvernement a approuvé une nouvelle constitution stipulant que seuls ont droit à la citoyenneté dominicaine ceux qui sont nés sur le territoire dminicain d’un ou de deux parents dominicains.Citant la Constitution, la Cour a statué que tous les migrants haïtiens descendants de ceux qui étaient venus travailler dans les champs de canne après 1929, étaient «en transit», et par conséquent, leurs enfants n’avaient pas le droit automatique à la citoyenneté bien qu’ils soient nés en République dominicaine.Les organisations de défense des droits de l’homme et de protection des migrants croient que cette décision de la Cour dominicaine pourrait pousser de nombreuses personnes à vivre dans la clandestinité, les privant ainsi de l’accès aux services publics de base.Les défenseurs des droits de l’homme ont déclaré qu’ils allaient probablement demander l’aide de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, qui à son tour pourrait renvoyer l’affaire devant la Cour interaméricaine des droits de l’Homme.** Traduit librement de l’article intitulé « Corte dominicana decide retirar la ciudadanía a dominicanos nacidos de padres haitianos ». Cet article a été publié à l’adresse électronique suivante : http://www.rcinet.ca/es/2013/09/27/corte-dominicana-decide-retirar-la-ciudadania-a-dominicanos-nacidos-de-padres-haitianos/ HA/ Radio Metropole Haiti

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