Trafic d’enfants haitiens vers la République Dominicaine

De petits haitiens sont victimes d’un réseau de trafiquants fonctionnant au niveau de la frontière haitiano-dominicaine . Selon une enquête menée par l’Organisation Internationale de Migration (OIM) et du Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF) entre 2000 et 3000 enfants haitiens sont concernés par ce trafic illicite . Ils ont entre 5 et 13 ans et sont pour la grande majorité originaires de Pilate et de Plaisance, deux (2) communes importantes de la région Nord d’Haïti. Raflés par des trafiquants haïtiens et dominicains, ces enfants sont conduits comme des esclaves dans la deuxième ville de la République Dominicaine, Santiago, et dans la zone du Cibao. Les opérations se déroulent le plus souvent avec la complicité d’agents de l’ordre haïtiens et dominicains. De plus, dans certains cas, les trafiquants sont considérés comme des bienfaiteurs par des parents qui acceptent de livrer leurs enfants avec l’espoir que leurs protégés bénéficieront d’un mieux-être. Mais, contrairement aux promesses faites, ils sont livrés à eux-mêmes et obligés de pratiquer la mendicité ou de travailler dans les fermes et dans la construction. Selon l’enquête menée par l’Organisation Internationale de la Migration et le Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance, ces enfants vivent dans la marginalisation totale et n’ont accès à aucun service de base. Ils sont mal nourris, mal logés et sans aucune protection. A ce sujet, le sort des filles âgées entre 7 et 12 ans employées comme domestiques dans les familles dominicaines inquiète l’UNICEF. Selon des responsables d’Organisations Non Gouvernementales (ONG) évoluant en Réplublique Dominicaine, les droits de ces fillettes ne sont pas respectés. Intervenant lors d’une rencontre le 9 août 2002 à Santiago de Los Caballeros, le représentant de l’UNICEF à Port-au-Prince, Rodney Philipps, a annoncé avoir identifié un ensemble de droits des enfants qui est violé dans le cadre de cette affaire. M. Philipps a insisté sur la nécessité pour les autorités des deux pays, les ONG et la communauté internationale d’oeuvrer pour que ces enfants ne soient plus victimes de tant d’exploitation et d’abus. “La République Dominicaine et Haïti ont signé des conventions relatives aux droits et à la protection des enfants. Ils ont pour responsabilité d’agir pour corriger cette situation”, a lancé, pour sa part, la procureure générale pour la protection des enfants à Saint-Domingue, Isabel Mejia de Grullon . Le magistrat souhaite une étroite collaboration entre les institutions judiciaires dominicaines et haïtiennes pour, dit-elle, freiner le trafic des enfants haïtiens vers la République Dominicaine. Selon l’enquête menée par l’OIM et l’UNICEF, ce phénomène s’étend à d’autres communautés dans les départements du Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest. Pour le stopper, les instances concernées devraient prendre dans l’immédiat les mesures qui s’imposent à savoir : assurer la prise en charge des enfants et des parents vulnérables et exercer un contrôle rigoureux au niveau de la frontière pour faire échec à ce vaste réseau de trafiquants dominicains et haïtiens qui fonctionne déjà depuis plusieurs années . Le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR) appelle l’Etat à créer les conditions de mieux-être en Haiti pour empêcher la perpétuation de cette situation . En réaction à la publication du rapport de l’OIM et de l’UNICEF sur ce trafic d’enfants haitiens en République Dominicaine , le GARR par la voix de Colette Lespinasse invite également la société à prendre conscience de l’état réel du pays .

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