Un enfant meurt à l’hôpital général de Port-au-Prince faute de soins

La famille Louis-Jean est sous le choc après la disparition de la petite Saturnie. Elle est décédée des suites de complications d’une typhoïde à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), le samedi 4 mai 2002. Alors que la petite Saturnie Jean Louis, 8 ans, se préparait à entrer en communion avec le Christ à la fin du mois de mai, la fièvre typhoïde allait la trainer en enfer les yeux ouverts. Jeudi 2 mai, constatant la détérioration de l’état de santé de la fillette, son médecin traitant l’a fait enmener à l’Hopital de l’Université d’Etat d’Haïti, ses parents n’ayant pas les moyens de se payer le luxe d’un centre hospitalier privé. Pas une minute à perdre, Saturnie est admise à l’HUEH pour hémorragie interne. Le médecin en charge du dossier demande d’urgence une poche de sang B+. Ordonnance en main, les parents de Saturnie accourent vers le centre de transfusion sanguine de la croix-rouge logé à côté de la pédiatrie. Urgence ou pas, les techniciennes sur place parlent d’échange de service. En d’autres termes, il faut donner pour recevoir. Vendredi 3 mai dans la matinée, les donneurs s’amènent mais personne n’est disponible pour l’heure, précise une technicienne de la croix-rouge haïtienne. Les parents de Saturnie qui ont révélé à Radio Métropole ces informations manifestent des signes d’impatience car, entre-temps, le compte à rebours a déjà commencé pour la petite condamnée. A défaut du B+, une poche de sang O+ peut sauver la vie de l’enfant, ses parents persistent mais le liquide précieux stocké à l’hôpital général n’est pas analysé, indique une technicienne. Archi-faux, rétorque le médecin chargé du dossier. Samedi 4 mai au petit matin, le calvaire de Saturnie se poursuit, elle respire à peine, ses parents paniqués recommencent avec la mobilisation pour tenter de la sauver. Les techniciennes du centre de transfusion sanguine, toujours indifférentes, annoncent que le sang sera livré à 8 heures du soir. Quatre heures trente de l’après-midi, enfin on annonce que la poche de sang est prête mais … trop tard, Saturnie a déjà rendu l’âme. C’est la consternation totale, la mère de la fillette, Madame Jude Louis-Jean, condamne le comportement des techniciennes du centre de transfusion sanguine de la Croix-rouge à l’HUEH. Les donneurs de Saturnie se déclarent choqués par le comportement des techniciennes du centre de transfusion sanguine à l’hôpital général. Ils s’interrogent sur le vrai rôle de ce centre à l’HUEH dont la qualité du service est de plus en plus critiquée par les habitants de Port-au-Prince. Saturnie n’est pas la toute première à être victime de l’indifférence de certains professionnels de santé affectés à l’hôpital général. Le samedi 4 mai,le jour du drame pour la famille Louis-Jean, un jeune homme poignardé dans le dos avait grandement besoin d’une poche de sang. Il a attendu en vain pendant des heures. Protestation pour rien des parents du patient. Il ne se passe pas une journée sans une dispute entre des proches de malades et des responsables de service à l’HUEH, un centre hospitalier public où les soins de santé coûtent très chers. A l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti, à défaut de moyens économiques, les patients passent assez souvent de la vie à la mort.

Publicité