L’ex-maire adjoint de Port-au-Prince de 1995 à 2000, sous l’administration de Manno Charlemagne, Jean Michard Mercier, jette à son tour l’éponge et, comme c’est maintenant la coutume, fait d’importantes révélations dans une note en date du 26 juin 2003 dont copie est parvenue le week-end écoulé à Radio Kiskeya. Jean Michard Mercier annonce avoir dû se réfugier à l’étranger en raison de fortes pressions subies depuis 18 mois de la part de hauts dignitaires lavalas pour qu’il accepte un poste au sein du régime. Après avoir indiqué que le poste en question lui a été proposé par le directeur général de l’Office National d’Assurance Vieillesse (ONA), Oliva Franklin, et le directeur du Cabinet du Premier ministre, Jean Max Bellerive, Mercier cite un certain Carlo, employé à l’ONA et proche du leader de Jeunesse Pouvoir Populaire (JPP), René Civil, et Franco Camille, chef de la sécurité à l’ Administration Portuaire Nationale (APN), qui, dit-il, sont à l’origine des menaces dont il est l’objet. Jean Michard Mercier dit avoir déjà refusé de faire partie du cartel de Fanmi Lavalas qui devait se présenter aux élections de l’année 2000 pour la Mairie de P-au-P, en raison de son désaccord avec la façon dont la gestion de la ville était envisagée. Il ajoute que ces craintes se sont renforcées quand, dans une réunion à Tabarre, à l’approche des élections, il affirme avoir entendu Jean Bertrand Aristide dire « nous ne voulons pas la majorité,mais plutôt la totalité ». L’ex-maire adjoint de Port-au-Prince soutient que son retrait, à partir de ces faits, explique les persécutions dont il a commencé alors à être la cible. Plus loin dans sa note, Jean Michard Mercier soulève d’inquiétantes interrogations sur le rôle qu’aurait joué dans l’assassinat de Jean Dominique un des membres actuels du Cabinet particulier du directeur général de la police, ex-maire adjoint de Port-au-Prince ,lui aussi, Harold Sévère. Jean Michard Mercier prend la précaution de ne pas l’accuser formellement, mais il affirme l’avoir personnellement vu dans la zone du crime, en compagnie de plus de 3 hommes, dans une pick-up de couleur blanche, quelques minutes après le double meurtre ( du 3 avril 2000) . Cette présence justifierait une investigation judiciaire vu, dit-il, la réputation de l’intéressé comme tueur à gage du pouvoir. Mercier souhaite que cette investigation s’étende également à l’inspecteur général Jean Robert Esther qu’il accuse de plus d’avoir fait disparaître plus d’un million de cartes électorales à la veille des élections du 21 mai 2000. Pour Michard Mercier, la majeure partie des actes odieux perpétrés sous le régime sont planifiés en la résidence d’une des membres influentes du parti, Annette Auguste (surnommée Sò Àn), qu’il dit être de nationalité américaine. L’ex- maire adjoint de Port-au-Prince affirme avoir eu l’habitude de participer à ces réunions chez Annette Auguste aux côtés de nombreux militants lavalas et de hauts fonctionnaires. Il cite Jocelerme Privert, ancien directeur général de la Direction Générale des Impôts (DGI) et (actuel) ministre de l’intérieur, Bell Angelot, directeur général du ministère de l’intérieur, le sénateur lavalas Louis Gérald Gilles, plusieurs hauts responsables de la police dont l’ancien commissaire divisionnaire Jean Robert Faveur, des responsables des banques d’Etat dont Réginald Mondésir et Lévêque Valbrun. En plus d’avoir eu, dit-il, l’habitude d’être présent à ces réunions, chose qu’il dit regretter, Jean Michard Michard Mercier soutient que, alors qu’il était à la Mairie, l’actuel député du Plateau central et 2ème secrétaire du bureau de l’assemblée Nationale, Joseph André Jeune, savait lui faire le compte-rendu de certaines de ces réunions auxquelles lui-même (Mercier) n’avait pas pris part. Il prête en ce sens à Joseph André Jeune la version, déjà soutenue par le transfuge Johnny Occilius, selon laquelle l’enlèvement,le 29 février 2000, d’un bébé à l’Hopital Général (qui avait fait scandale) a été planifié chez Annette Auguste à des fins mystiques ou de sorcellerie .Mercier indique que, par la suite, le cadavre du bébé a été inhumé aux bons soins de Jean Félix Bien Aimé, dit Féfé, lui-même exécuté des jours après pour avoir menacé de tout révéler. Dans le grand déballage auquel il a procédé dans cette note, Jean Michard Mercier précise que les conflits récurrents à la Mairie de Port-au-Prince ont pour base le contrôle politique et la mainmise sur les ressources non budgétisées de l’institution, générées notamment par les marchés publics et le Service des décès. Il fait ,par ailleurs état, du trafic humain, des enfants notamment, dans lequel, dit-il, sont impliqués les plus hautes autorités.Il dénonce enfin l’acquisition par l’ONA de 2 maisons à Belvil respectivement aux noms de Paul Raymond et de René Civil (2 responsables de sections de base du parti au pouvoir), pour un montant de 800.000 dollars américains. Alter Presse.
Un ex-maire adjoint de Port-au-Prince se réfugie à l’étranger et fait d’importantes révélations
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