Violences à Port-au-Prince : le film des évènements ayant conduit à l’arrestation de trois dirigeants lavalas

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Trois membres influents du parti Fanmi Lavalas, les ex-sénateurs contestés Yvon Feuillé, Gérard Gilles et l’ex-député Rudy Eriveau sont derrière les barreaux. Il ont été interpellés, le samedi 2 octobre 2004, dans les locaux de Radio Caraïbes dans le cadre de l’enquête en cours sur les violences exercées par les partisans du régime déchu ces derniers jours contre la police et la population à la capitale. L’interpellation des trois dirigeants est intervenue 7 heures après leur participation à l’émission « Ramase » de Radio Caraïbes à la laquelle ils n’étaient pas invités. Le porte-parole de la police, Gessy Cameau Coicou avait refusé de participer à l’émission en compagnie des dirigeants lavalas en soulignant qu’ils étaient des hors-la-loi. Les trois responsables lavalas, recherchés, s’étaient retranchés à Radio Caraïbes pour éviter l’interpellation après l’émission. Les policiers qui étaient postés devant la station ont attendu plus de 6 heures avant d’intervenir en compagnie d’un juge de paix. L’arrestation a eu lieu avant 18 heures, délai légal nonobstant le flagrant délit. Les dirigeants lavalas ,depuis Radio Caraïbes, lançaient des mises en garde au pouvoir tout en prenant leurs distances par rapport à l’opération dénommée « Opération Bagdad » lancée par les OP lavalas contre le pouvoir. De leur côté, le PDG de Caraïbes FM, Patrick Moussignac et des leaders politiques, Evans Paul et Himmler Rébu, participant à l’émission Ramase déclaraient que le moment était mal choisi par les autorités pour conduire l’ opération arguant que celle-ci pourrait représenter un mauvais précédent, une atteinte à la moralité de la presse. Aux abords de Radio Caraïbes, une manifestation improvisée exigeait l’arrestation des trois leaders lavalassiens. A l’intérieur de la station la tension montait, les barrières principales étaient verouillées, à l’extérieur, le juge Gabriel Ambroise et les policiers présents attendaient alors que l’heure fatidique de 6 heures du soir approchait. Auparavant, la police avait annoncé avoir procédé à la confiscation d’armes automatiques dont un fusil d’assaut T65 dans le véhicule qui était venu récupérer les trois membres lavalas . Parallèlement, des leaders politiques invités à l’émission « Ranmase » tentaient sans succès de convaincre les trois responsables lavalas de se rendre à la justice. Entretemps, le juge Amboise, chargé du dossier, accorda des délais supplémentaires à l’avocat des MM. Gilles, Feuillé et Eriveau. Aucun résultat n’a été obtenu alors que le magistrat faisait part de ses préoccupations sur la poursuite de cette opération au delà de 6 heures du soir. Après des heures d’attente, des membres de la police judiciaire accompagné du juge sont entrés dans les locaux de la station et ont procédé à l’arrestation des dirigeants lavalas à 5.50 p.m. Suite à des échanges avec le magistrat, Gérald Gilles, Yvon Feuillé et Rudy Eriveau seront menottés et conduits au commissariat de Police de Port-au-Prince où ils sont placés en garde à vue. Dimanche, les trois dirigeants lavalas ont été interrogés par les autorités concernées au commissariat de Port-au-Prince. Dans la soirée, les résidences du juge d’instruction Brédy Fabien et du juge de paix Gabriel Ambroise ont été attaquées par des individus armés, rapporte Radio Kiskeya. Le juge Ambroise aurait décidé de se mettre à couvert.

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