Visite mouvementée en Haïti pour un ministre français cible d’une fusillade

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Un déplacement en Haïti du secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, a été particulièrement mouvementé lundi, une fusillade de près de deux heures l’ayant obligé à quitter sous escorte militaire l’hôpital qu’il visitait à Port-au-Prince. « Après 20 minutes de visite de l’hôpital Sainte-Catherine à Cité Soleil, un quartier déshérité de Port-au-Prince, nous avons essuyé une fusillade qui a duré de 1h30 à 2 heures », a témoigné M. Muselier, interrogé par l’AFP. Le ministre a ajouté qu’il estimait avoir été la cible de la fusillade. « C’est incontestable », a-t-il dit. « J’ai été exfiltré par la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti) avec l’appui de deux hélicoptères et de deux véhicules blindés », a ajouté M. Muselier, en indiquant qu’ »un gendarme français avait été légèrement blessé ». « Des barrages ont été mis en place pour nous empêcher de sortir », « on était encerclé, on était caillassé », a poursuivi M. Muselier en parlant d’un « incident sérieux ». « C’était une situation particulièrement délicate », a ajouté le ministre qui a salué « le courage, le sang-froid et l’efficacité professionnelle des forces de l’ordre ». Entre 100 et 400 manifestants, selon diverses sources, s’étaient rassemblés devant l’hôpital Sainte-Catherine à Cité Soleil, un quartier considéré comme une place forte de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, qui a démissionné et quitté le pays le 29 février sous la pression internationale et d’une insurrection armée. Le porte-parole de la Minustah, Toussaint Kongo Doudou, a indiqué à l’AFP que les soldats brésiliens de cette force avaient « pris le contrôle de la situation ». Il n’y a pas eu de blessé, a-t-il dit, tandis qu’une source diplomatique française indiquait qu’il y avait eu « un gendarme français légèrement blessé, un blessé un peu plus grave de la police haïtienne et une victime parmi les assaillants ». Cité Soleil « est un territoire difficile », a déploré M. Muselier. « La mise en place du processus électoral ne peut se faire que s’il y a un retour de la paix », a souligné le ministre. Des élections générales (législatives, locales, présidentielle) sont prévues en 2005 en Haïti en vue de l’entrée en fonctions d’un nouveau président le 7 février 2006. Après la fusillade, M. Muselier a eu un déjeuner de travail avec le représentant en Haïti du secrétaire général de l’Onu, le Chilien Juan Gabriel Valdes, et a rencontré dans l’après-midi le Premier ministre haïtien Gérard Latortue. Il devait le retrouver pour un dîner de travail avec les ministres de la Défense, de la Justice et de l’Intérieur. M. Muselier était arrivé lundi à Port-au-Prince pour y rencontrer les dirigeants haïtiens. Il devait quitter Haïti mardi en fin de matinée. AFP,Mardi 31 août 2004.

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