Le Conseil de sécurité proroge pour un an le mandat du BINUH

561

Par la résolution 2645 (2022) adoptée à l’unanimité, le Conseil de sécurité a prorogé, aujourd’hui, jusqu’au 15 juillet 2023, le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) défini dans sa résolution 2476 (2019).

Dans ce texte, présenté par les États-Unis et le Mexique, le Conseil réaffirme la nécessité pour toutes les parties prenantes haïtiennes de parvenir, avec l’appui du BINUH, à un accord urgent sur un cadre pérenne, assorti de délais et communément accepté, en vue d’un processus politique dirigé par les Haïtiens qui permette d’organiser des élections présidentielle et législatives inclusives, pacifiques, libres, régulières et transparentes dès que les conditions de sécurité seront réunies et que la préparation logistique le permettra.  Il prie instamment le Gouvernement haïtien de lui présenter une mise à jour au plus tard le 17 octobre 2022.

Des délégations, dont la Chine, ayant commenté les affrontements entre gangs armés à Port-au-Prince, ces derniers jours, le Conseil exige, dans les 90 jours, la cessation immédiate de la violence en bande organisée et des activités criminelles et se déclaredisposé à prendre des mesures appropriées qui pourraient recouvrir le gel des avoirs et l’interdiction de voyager, contre quiconque participerait à la violence en bande organisée et à des activités criminelles ou à des atteintes aux droits humains ou appuierait de tels actes ou agirait de manière à compromettre la paix, la stabilité et la sécurité d’Haïti et de la région.

Le Conseil demande à tous les États d’interdire le transfert des armes légères et de petit calibre et de leurs munitions à des acteurs non étatiques et d’empêcher le trafic et le détournement illicites de ces armes et munitions.  À cet égard, il encourage la coopération, notamment par la fourniture et l’échange en temps utile de données actualisées afin de répertorier et de combattre les sources et les chaînes d’approvisionnement du trafic illicite.

Le Conseil encourage aussi les États ainsi que les organisations internationales compétentes qui sont en mesure de le faire à poursuivre le renforcement des capacités, l’appui technique et la formation des agents des services nationaux des douanes et de contrôle aux frontières et d’autres autorités compétentes.  Il demande au BINUH de collaborer avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et d’autres organismes compétents des Nations Unies afin d’aider les autorités haïtiennes à lutter contre les flux financiers illicites et les bandes armées afin d’accroître la sécurité des ports et d’améliorer la collecte des recettes douanières.

Le Conseil prie enfin le Secrétaire général de consulter le Gouvernement haïtien, les pays concernés et les organisations régionales au sujet des options envisageables en vue d’un renforcement de l’appui à la sécurité, concernant les efforts faits par la Police nationale d’Haïti pour combattre des niveaux élevés de violence en bande organisée et de lui présenter un rapport écrit au sujet de ces consultations d’ici au 15 octobre 2022.

Quand le Conseil de sécurité examine la situation en Haïti, l’un des défis les plus compliqués de son ordre du jour, la question essentielle, a estimé la Chine, est de déterminer quel type de mandat il faut.  L’ONU est dans le pays depuis les années 90 et après 30 ans, la situation est plus grave encore.  Le fait qu’aujourd’hui, les institutions nationales soient paralysées, le pays plongé dans un vide sécuritaire et la violence des gangs armés, généralisée, sans compter une situation économique et humanitaire qui est en chute libre, montre qu’il faut changer fondamentalement le mandat du Bureau.

La Chine a donc salué le fait que les coauteurs de la résolution aient tenu compte de ses propositions.  Le texte peut être amélioré mais il va dans la bonne direction.  Toutefois, a-t-il rappelé, Haïti n’est pas un pays producteur d’armes et il vit avec des gangs armés qui ont une force de frappe bien supérieure à celle de sa police.  La résolution, a-t-elle souligné, aurait dû être plus ferme sur ce point et il faut espérer que les gangs armés n’y verront pas un encouragement.

Publicité