Des haïtiens résidant en République Dominicaine contraints de rentrer en Haïti

Des dizaines de ressortissants- haïtiens qui vivaient dans la localité frontalière de Limón, en République Dominicaine ont regagné Haïti le weekend dernier. Selon un communiqué du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Refugiés(GARR)Ces haïtiens ont abandonné cette localité suite à l’assassinat, le 11 avril 2014, d’un Dominicain connu sous le nom de Regue, a rapporté Jean Lestin L. Menès, Coordonnateur du Comité de Droits Humains de Fonds-Verrettes (KDMF) attaché au Réseau Frontalier Jeannot Succès (RFJS). Le corps sans vie de Regue avait été retrouvé non loin de son jardin, à Limón, une localité de la province de Samaná au Nord-est de la République Dominicaine. Des habitants de cette localité ont attribué la mort de ce citoyen dominicain au nommé Fritznel, un ouvrier agricole haïtien qui travaillait avec lui depuis plus de trois ans. Le ressortissant haïtien, présumé coupable de cet acte, aurait pris le maquis depuis la mort de Regue, selon les déclarations d’un migrant haïtien au représentant du RFJS. Cet incident malheureux aurait provoqué en représailles l’assassinat d’un migrant haïtien dénommé Choupet et aurait fait des blessés dans le camp des ressortissants haïtiens. Au risque d’être victimes, plus d’une cinquantaine de migrants-es haïtiens qui résidaient à Limón se sont précipités à rentrer en Haïti en passant par des points frontaliers non officiels de la commune de Fonds-Verrettes. C’est ce qu’a observé le militant de Droits Humains du RFJS dans la période du 11 au 14 avril 2014. « Grâce à Dieu, j’ai eu le temps de m’échapper de justesse bien que j’aie été fracturé au bras gauche par des Dominicains qui voulaient me tuer. », a indiqué Molver, un migrant haïtien qui a déclaré avoir été témoin du lynchage de son compatriote Choupet. Saintélia Joseph, mère de 3 enfants et originaire de la commune frontalière de Fonds-Verrettes, a indiqué s’être enfuie de Limón pour ne pas se faire tuer avec ses enfants. « Munis de machettes, de bâtons et de bouteilles, des Dominicains (des tiguere) étaient furieux contre les ressortissants-es haïtiens. C’est toujours comme ça à chaque fois qu’un Dominicain est assassiné. Que les migrants haïtiens soient complices ou non, ils sont poursuivis et chassés.», a-t-elle dénoncé. Soulignons que le 18 mars 2014, 63 ressortissants-es haïtiens avaient volontairement traversé la frontière de Las Maltas (République Dominicaine) pour regagner la commune de Thomassique suite à l’assassinat d’un citoyen dominicain. Le GARR condamne ces incidents fâcheux qui nuisent souvent aux relations de bon voisinage entre les deux peuples de l’île. Il déplore que des innocents, souvent des femmes et des enfants, soient toujours victimes de violences de toute sorte à chaque fois que des Dominicains veulent se faire justice. Il exhorte les autorités haïtiennes à demander officiellement au gouvernement dominicain de prendre leurs responsabilités pour assurer la sécurité des travailleurs migrants haïtiens qui sont continuellement exposés à des actes barbares en République Dominicaine. Le GARR en profite pour appeler l’Etat haïtien à doter le pays de vrais programmes sociaux qui puissent prendre en compte les couches les plus vulnérables en vue de les encourager à rester chez eux sans être obligés d’aller risquer leur vie en territoire voisin. EJ/Radio Métropole Haïti

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