Plusieurs Organisations Non Gouvernementales Suisses ont appelé les autorités haïtiennes à lancer des procédures judiciaires contre Jean-Claude Duvalier. Sans cela, il sera « très difficile, voire impossible » pour le gouvernement helvétique de restituer au peuple haïtien les fonds de l’ancien dictateur bloqués en Suisse. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) avait laissé entendre en mai qu’il serait contraint de restituer en juin à M. Duvalier les 7,6 millions de francs bloqués en Suisse. Face au tollé provoqué par cette annonce, le gouvernement fédéral suisse a toutefois prolongé le blocage de ces fonds pour trois mois, jusqu’à début septembre. Dans une lettre adressée vendredi au premier ministre haïtien Jacques Edouard Alexis, les organisations non gouvernementales (ONG) appellent Port-au-Prince à lancer d’ici la fin août « de nouvelles procédures pénales » contre l’ex-dictateur « pour violations des droits de l’homme et autres crimes ». »Au vu de la situation juridique actuelle, le maintien du blocage de ces fonds en vue de leur restitution au moins partielle au gouvernement légitime d’Haïti ne peut être garanti que par l’introduction » de telles procédures, expliquent-elles dans un communiqué publié mardi. Les Organisations Non Gouvernementales ont joint à leur lettre un rapport d’Amnesty International (AI) et « d’autres documents attestant de l’existence de crimes imprescriptibles commis sous la présidence de ‘Baby Doc' ».Ces informations devraient permettre aux autorités judiciaires haïtiennes de lancer, avant fin août, de nouvelles poursuites pénales qui « rendraient envisageable, le cas échéant, le maintien du blocage des fonds concernés et permettraient de prévoir une restitution au gouvernement haïtien ».Les ONG « espèrent vivement que le gouvernement haïtien sera en mesure d’entreprendre de telles démarches. Elles tiennent à ce que (les fonds Duvalier) soient restitués au peuple haïtien et ne fassent pas l’objet d’un nouveau détournement illégitime ou d’un blocage indéfiniment prolongé dans les banques suisses ».Le spécialiste en droits européens, Patrick Jean Baptiste, croit que les autorités haïtiennes doivent utiliser des outils techniques et juridiques pour prouver l’origine criminelle des fonds de Duvalier.Tout en indiquant que ces fonds suscitent un débat politique en Suisse M. Jean Baptiste fait remarquer que le gouvernement suisse souhaite renvoyer ces fonds en Haïti pour des projets humanitaires. L’éventualité d’un accord entre les parties ne doit pas être écarté assure t-il précisant qu’une partie des fonds pourrait être attribuée à la famille des Duvalier et l’autre à l’état haïtien. »Baby Doc » et son entourage sont accusés par les autorités haïtiennes d’avoir détourné plus de 100 millions de dollars sous le couvert d’oeuvres sociales avant la chute du dictateur en 1986. Ces prélèvements systématiques sur des entreprises d’Etat auraient été transférés en partie dans des banques suisses.
Des ONG souhaitent une action des autorités haïtiennes pour récupérer les fonds de Duvalier
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