La classe politique est quasi unanime quant au déficit démocratique dont souffre la société haïtienne , neuf (9) ans après l’intervention de la force multinationale dominée par les américains pour chasser le régime militaire du général Raoul Cédras et retouner à l’ordre constitutionnel, le 19 septembre 1994 . Le parti au Pouvoir reconnaît que le processus démocratique fait face à certaines difficultés . Le Président Jean Bertrand Aristide , grand bénéficiaire du retour à la démocratie , le 15 octobre 1994, à travers un porte-parole , Dismy César , croit que la « démocratie est très grippée ». Invité du Journal du Matin de Radio Métropole du vendredi 19 septembre 2003, M. César a indiqué que des secteurs veulent le retour à l’ordre ancien et qu’il « faut de l’aspirine » pour combattre ce « rhume contaminant ». Soulignant que la « démocratie n’est pas l’affaire d’un régime mais de tout le monde dans le respect de la volonté populaire » , le responsable du dossier politique au cabinet particulier du Président a admis que le gouvernement n’a pas livré la marchandise sur le plan économique et social. Dismy César a également reconnu des dérives qu’il faut corriger , dit-il. Pour sa part , l’Opposition affirme que la Démocratie est loin d’être sur les rails. La Convergence Démocratique soutient qu’à côté du retour physique du président élu, Jean Bertrand Aristide, aucun des objectifs fixés par la Communauté Internationale n’est atteint. Le dirigeant du KID , Evans Paul, fait remarquer que « les institutions sont toujours faibles, les droits de l’homme sont bafoués et les pratiques arbitraires continuent en dépit de 4 milliards de dollars investis par les Etats-Unis ». M. Paul soutient que M. Aristide est un élément du problème et propose la tenue d’un forum entre l’Opposition , la Société Civile et Lavalas en tant que parti pour trouver une solution à la crise. De son côté, l’organisation « Saj Veye Yo » qui avait supporté l’avènement au Pouvoir de Jean Bertrand Aristide dresse un bilan extrêmement négatif du Pouvoir Lavalas , neuf (9) ans après l’intervention américaine visant au rétablissement de la démocratie en Haiti . Dans une note rendue publique durant le week-end, « Saj Veye Yo » dénonce la répression , l’action des chimères , celle des escadrons de la mort , la corruption dans l’administration publique ,neuf (9) après le retour du Président Aristide . « Saj Veye Yo » invite la population à écoper le régime Lavalas d’un carton rouge tout en préconisant la création de tribunaux populaires pour juger les responsables du Pouvoir . « Saj Veye Yo » invite particulièrement le Président Aristide à fournir des explications à la nation sur la décision irrégulière qu’il a prise durant son exil qu’il avait qualifié de « ti dezod ». Au niveau des habitants de la capitale , les avis sont partagés : certains constatent que les principes démocratiques sont souvent bafoués . D’autres croient qu’Haiti est bien loin d’un Etat démocratique . Alors qu’un groupe de citoyens estiment que la démocratie se construit peu à peu . Cependant, d’autres port-au-princiens se montrent totalement indifférents au débat sur la démocratie. Ils ne s’occupent que de la survie quotidienne. Les Etats-Unis se disent déçus de la situation de la démocratie en Haïti , neuf (9) après le déploiement de leurs troupes. Le 2 septembre dernier, lors de sa prestation de serment au Département d’Etat, le nouvel ambassadeur en Haïti , James Foley avait indiqué que les espoirs d’une Démocratie véritable s’étaient vite dissipés quelque temps après les grands efforts déployés en 1994. Sur cette lancée, son supérieur , le secrétaire d’Etat Colin Powell avait déclaré au cours de la cérémonie qu’il fallait désormais « mettre Haïti sur les rails de la Démocratie ».
Etat de santé de la Démocratie en Haïti , 9 ans après le débarquement des troupes américaines
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