Haïti le bastion de la liberté dans l’hémisphère sud selon Michaëlle Jean

L’ancienne gouverneure général du Canada, et actuellement envoyée spéciale de l’UNESCO pour Haïti, Michaëlle Jean, est intervenue, ce mardi, à la tribune des Nations Unies, à New York, à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. Dans son intervention, Mme Jean a rappelé l’importance de la contribution d’Haïti, premier Etat, dans toute l’histoire de l’humanité, à être indépendant de la révolte et du combat triomphant d’esclaves. C’est d’Haïti que viendra l’impulsion de la lutte pour l’abolition de l’esclavage qui se propagera ensuite sur l’ensemble du continent. «C’est grâce à l’opiniâtreté et au courage de valeureux combattants noirs comme Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Alexandre Pétion et à la hardiesse de dizaines de milliers d’esclaves que la première République noire a vu le jour en 1804 », a déclaré Michaëlle Jean, soulignant qu’ « Haïti a non seulement insufflé aux captifs des territoires environnants l’espoir de devenir enfin libres, mais aussi elle a offert une partie importante de ses ressources humaines et financières pour soutenir l’affranchissement des peuples des Caraïbes et de l’Amérique latine.» Evidemment, Haïti par sa révolution a répandu le feu de la révolte et le sentiment de la liberté sur tout le continent. Les Miranda, Hidalgo, Artiga, Bolivar et tant d’autres y puiseront la substance qui ébranlera toute l’Amérique latine et la Caraïbe. Haïti représente le bastion de la liberté, une sorte d’arsenal pour tous ceux qui luttent contre l’oppression, un pourvoyeur bienveillant de tous les secours indispensables. L’aide en espèces et en armements de toutes sortes de Pétion au General Simon Bolivar dans la lutte décisive pour la libération complète de l’hémisphère sud, et l’appel empressé du General Juan Batista Arismendi au Roi Christophe en mars 1818 sont des témoignages éloquents de l’engagement d’Haïti vis-à-vis d’autres peuples opprimés. Célébrée le 25 mars de chaque année, la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves a pour but de rendre hommage à ces millions d’hommes, de femmes et d’enfants capturés en Afrique, déportés pour être vendus comme des bêtes de somme. Elle offre l’occasion d’un nécessaire devoir de mémoire sur cette page sombre de notre histoire pour honorer toutes les victimes de cette tragédie. Cette journée internationale se veut aussi un espace de sensibilisation aux dangers actuels du racisme et des préjugés. Le nombre d’africains arrachés à leur terre natale, dépossédés de leur humanité et transportés sur des bateaux négriers dans des conditions «abominables», pour être condamnés, aux travaux forcés, à «l’asservissement total pendant plus de quatre siècles au profit d’un marché infâme et de l’économie des puissances coloniales européennes» est estimé à 15 et 20 millions. La dramatique traite transatlantique des esclaves constitue l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de l’humanité. « C’est l’occasion de tirer des leçons du passé et de réfléchir aux situations d’esclavage qui perdurent aujourd’hui encore à une moindre échelle qu’autrefois, mais qui n’en sont pas moins inacceptables, a dit l’envoyée spéciale de l’UNESCO, ajoutant que c’est aussi l’occasion de réfléchir à l’origine et aux manifestations du racisme qui continue d’hypothéquer la vie et les chances de réussite de nombreuses personnes de race noire dans nos sociétés.» Michaëlle Jean rappelle que c’est sur une proposition d’Haïti et des pays africains que l’UNESCO a lancé le projet «la route de l’esclave», qui célèbre cette année son 20e anniversaire. « Le projet [la route de l’esclave] vise notamment à mieux faire comprendre l’histoire et les conséquences de l’esclavage dans le monde, à contribuer également à une culture de paix en favorisant la réflexion sur le pluralisme culturel et le dialogue interculturel ». Cette journée internationale donne aujourd’hui l’occasion de réfléchir davantage sur les conséquences contemporaines de l’esclavage et interpelle sur ces implications dans nos sociétés ; racisme et discrimination raciale, intolérance, mais également toutes les formes modernes de l’esclavage, d’exploitation de l’homme par l’homme. MJ/Radio Métropole Haïti

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