Haïti: le président provisoire investit le Premier ministre

Le nouveau Premier ministre haïtien Gérard Latortue, officiellement investi vendredi dans ses fonctions, a prôné la réconciliation nationale sans pour autant qu’elle n’entraîne l’impunité pour les crimes et délits ayant été commis. Au cours de la cérémonie d’investiture, le président par intérim Boniface Alexandre a évoqué dans son discours « la vision commune de la réconciliation nationale » qu’il avait avec le nouveau Premier ministre et a dénoncé « la passion, la haine, la vengeance et la corruption au plus haut niveau de l’appareil d’Etat » du régime déchu. »Votre échec serait aussi le notre et celui de tout le peuple haïtien. Nous sommes condamnés à réussir », a ajouté le président provisoire. M. Latortue a annoncé qu’il espérait soumettre au président Alexandre la composition du nouveau gouvernement « au plus tard lundi matin pour que l’investiture puisse être donnée au nouveau cabinet ministériel » peut-être mercredi matin. « Ce pays ne peut plus continuer à attendre, le vide a trop duré, il faut que l’on se mette au travail le plus vite que possible », a-t-il dit. Il a indiqué avoir rencontré vendredi les représentants du parti Famille Lavalas, le parti du président déchu Jean Bertrand Aristide, et s’être accordé sur la « priorité de la réconciliation nationale ». Cette réconciliation nationale est inévitable mais elle ne veut pas dire « l’impunité dans les cas où il est évident qu’il y a eu crime ou délit ». « Je veillerai personnellement à ce que chaque dollar fourni à la République d’Haïti pour son développement soit dépensé dans le but pour lequel cette somme a été accordée » a-t-il souligné. A propos de l’assistance étrangère, il a mis en garde contre « le saupoudrage si au départ nous ne nous entendons pas sur des priorités nationalement définies et nationalement acceptées ». Il a promis de donner « les mêmes facilités » à tous les partis politiques lors des futures élections et annoncé une tournée en province la semaine prochaine « pour rassurer les populations », notamment aux Gonaïves (nord-ouest), sa ville natale et point de départ des émeutes. PORT-AU-PRINCE (AFP)