Port-au-Prince n’est plus bourdonnante d’activités depuis l’imposition de l’état d’insécurité par les partisans armés de Jean Bertrand Aristide. Le danger est partout, les chimères déterminent la durée de vie des citoyens depuis le 30 septembre, date du déclenchement de l’Opération Bagdad par les membres de l’Armée sans tête. La capitale haïtienne vit une situation de grève que personne n’a annoncé, pourtant largement respectée presque partout et dans presque tous les secteurs. Port-au-Prince se réveille tard et se couche tôt. Aller au centre-ville dépend le plus souvent de ce que dit la radio, quelles sont les zones à éviter, quelles sont les zones en danger. Cité de l’Exposition, un peintre expose ses tableaux comme d’habitude mais aujourd’hui plus que jamais, il est vigilant. Les zones à éviter sont connues de tous, mais cela arrive des fois que certaines personnes n’ont pas le choix. Intersection rue Owasld Durand/Boulevard Harry Truman, station improvisée de tap-tap, destination Cité Soleil, une dizaine de véhicules en attente, seuls quelques passagers veulent entreprendre cette aventure risquée pour le malheur des conducteurs et débardeurs. On peut, cette semaine imaginer, ce qu’était Port-au-Prince dans les années 20 quand la capitale comptait moins de 100 mille habitants. Regarder la grand-rue à perte de vue, c’est possible, il n’y a que quelques véhicules et presque pas de détaillants. Sortir de chez soi ces derniers jours requiert une sollicitation d’importance. Dans presque tous les quartiers, la population est sur le qui vive, à n’importe quel moment les chimères lavalas peuvent attaquer n’importe quelle zone, n’importe quel bâtiment. L’Université Quisqueya est dans la ligne de mire des lavalassiens. Pour tout le campus, il n’y a que trois agents de sécurité qui ne se font pas d’illusion. Des policiers embusqués en position de tirs au visage encagoulé, avec gilet par balle et casques de protection,tirs sporadiques, vent de panique, « kouri » au centre-ville, il faut se dépêcher de rentrer avant le coucher du soleil, la peur et l’angoisse ont envahi la capitale et cela affecte le moral des citadins. Ainsi va la vie à Port-au-Prince depuis 13 jours, une vie sous pression, une vie sous tension où le jour sur lequel on peut compter est celui qu’on a déjà vécu.
La capitale vit au ralenti, au rythme des chimères lavalas, depuis deux semaines
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