Le CLED tente de revigorer le secteur agricole haitien

“L’agriculture : un secteur négligé de l’économie” tel est le thème d’une conférence de deux (2) jours qui se tient à l’hotel Montana dans le cadre du projet Cled/forum 2000. Cette rencontre animée par des experts haïtiens et étrangers vise à sensibiliser les secteurs concernés par la problématique de l’agriculture. Pour la première journée de travail, les conférenciers ont dressé l’état des lieux. Ils ont tenté d’expliquer , à partir des enquêtes menées, les faiblesses de l’agriculture haïtienne. Pour l’agronome Jean André Victor, notre industrie agricole fait face à une crise en trois (3) dimensions: crise agroécologique, crise d’identité et crise de gouvernance. Selon les dernières statistiques, la couverture forestière d’Haïti est estimée à moins de 2%. L’espace agricole haïtien est réduit à seulement 910 mille hectares de terre arable. Et cette portion de terre cultivable subit des pressions énormes de la part des occupants. Parallèlement, en raison de l’absence d’infrastructures adéquates et d’encadrement technique les exploitations agricoles sont réduites à leur plus simple expression. Le riz est ravagé par la paille noire, le café par le scolit pour ne citer que ces exemples. Et cette situation porte les paysans désespérés à imigrer massivement vers Port-au-Prince. A cette conférence, la finalité de la coopération externe en matière agricole et le rôle et la mission du ministère de l’agriculture et les autres instances concernées ont été interrogés . Les intervenants estiment urgent de renforcer le partenariat secteur public/privé avec la participation des paysans dans les prises de décisions. L’agronome Jean André Victor propose la formation d’un conseil national de développement pour coordonner les différentes activités. Pour sa part, l’ingénieur agronome français Damais Gilles, insiste sur la nécessité de mettre en place un partenariat entre les paysans et les entrepreneurs dans l’intérêt de l’économie nationale. L’expert français dit accorder une importance capitale au savoir-faire des paysans qui ont su, selon lui, au fil des ans, s’adapter aux contraintes de l’heure. Avec leur maigre moyen, les agriculteurs haïtiens, dit-il, ont toujours fait preuve d’esprit novateur. Pour l’ingénieur agronome Damais Gilles, il ne suffit pas de poser les problèmes, il faut pouvoir également proposer des éléments de solution. En organisant la conférence de Montana sur l’agriculture avec la collaboration de paratenaires locaux et internationaux tels l’USAID, l’association nationale des exportateurs de mangues, l’institut interaméricain de coopération pour l’agriculture, le Centre pour la Libre Entreprise et la Démocratie (CLED) dit poursuivre des objectifs ambitieux: informer les participants sur l’Etat actuel de la production agricole et de l’agriculture au niveau local; motiver la production locale et encourager la consommation locale de ces produits; élargir le marché d’exploitation international; promouvoir l’intégration régionale en agriculture; développer un partenariat secteur public/privé en agriculture et en agro-industrie entre autres. Pour la deuxième journée , les experts abordent des sous-thèmes comme : l’importance de la participation agricole haïtienne dans les marchés régionaux et internationaux, le crédit agricole. Les participants doivent élaborer une proposition de politique de développement agricole du secteur privé. Malgré les nombreuses difficultés, l’industrie agricole haïtienne dispose de beaucoup d’atouts. Haïti produit des denrées de bonne qualité , soutiennent les experts. Le pays exporte vers la République Dominicaine pour plus de 13 millions de dollars américains l’an.

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