Les bailleurs de fonds d’Haïti réunis vendredi en conférence ministérielle à Cayenne, en Guyane française, ont lancé un signal d’alarme face à la fragilité de la situation dans l’île dont ils se sont engagés à accélérer la reconstruction. « La communauté internationale n’a pas le droit d’échouer en Haïti », « ce serait un signal d’impuissance », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, à l’origine de la Conférence internationale sur la reconstruction en Haïti. « Les conditions de vie de la population haïtienne n’ont pas connu de grandes améliorations », a-t-il déploré. « Nous voulons convaincre les Haïtiens non par des mots mais par des actes, que nous sommes déterminés à les aider », a-t-il assuré. « Nous nous engageons à les réaliser, nous allons mettre toutes nos énergies, toutes nos compétences pour celà » a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion. Cette conférence a adopté un « agenda pour Haïti » composé d’une liste structurée de près de 380 projets financés à hauteur de 750 millions d’euros. Sélectionnés pour répondre aux besoins quotidiens et les plus urgents de la population haïtienne, ils doivent être mise en oeuvre très rapidement, courant 2005. Ces projets concernent trois domaines: l’infrastructure et la relance économique du pays (réhabilitation des routes, fourniture d’électricité, agriculture), la gouvernance (appui aux élections, Etat de droit, amélioration de la sécurité, de la justice, de la gouvernance) et, enfin, l’accès aux services de base (éducation, santé, eau et assainissement, aide humanitaire d’urgence). Une conférence ministérielle de suivi de ces projets se tiendra dans six mois au Canada. Le Premier ministre canadien, Pierre Pettigrew, s’exprimant en marge de la réunion, a estimé qu’il « fallait absolument agir, même si l’insécurité règne ». Le Premier ministre haïtien intérimaire, Gérard Latortue, a fustigé la lenteur des décaissements de l’aide promise à Haïti lors de la Conférence internationale de Washington en juillet 2004 d’un montant de 1,3 milliard de dollars. « Le peuple haïtien compte sur vous, il compte sur des résultats concrets et visibles pour tous », a-t-il lancé. « Il faut aller vite », a ajouté M. Latortue, en émettant l’espoir que cette réunion « remette les pendules à l’heure ». Les participants à la réunion ont également souligné la nécessité d’appuyer le processus électoral lancé en Haïti. Des élections présidentielle et législatives auront lieu en octobre et novembre prochains. Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour Haïti, Juan Gabriel Valdés, qui dirige la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), a fait part de sa préoccupation concernant l’insécurité et le désarmement des anciens soldats haïtiens. Il est « urgent » d' »accélérer » le désarmement qu’il a jugé « prioritaire ». Il a réclamé « des concours financiers supplémentaires » pour mener à bien cette opération à laquelle doit contribuer la Minustah et il a jugé nécessaire une augmentation du nombre de policiers de l’ONU. Outre M. Valdés, les ministres des Affaires étrangères des principaux pays engagés dans l’aide à Haïti (Chili, Mexique, Canada, Argentine, République dominicaine) ou leurs représentants (Brésil, Etats-Unis, Espagne) ont participé à cette réunion. Plus d’un an après la chute de l’ex-président Jean Bertrand Aristide, le 29 février 2004, la transition politique s’enlise. En dépit des 6.000 casques bleus et 1.400 policiers de l’Onu déployés sur le terrain, Haïti reste minée par la violence, la corruption et une extrême pauvreté de la population. Le pays a également été durement frappé par le cyclone Jeanne en septembre 2004. Cayenne, Guyane, AFP, 18 mars 2005
Les bailleurs de fonds à nouveau au chevet d’Haïti
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