L’Expert indépendant des Nations Unies, Gustavo Gallón, est reparti après avoir, du 23 septembre au 1er octobre, analysé la situation des droits humains en Haïti. Une situation qu’il qualifie de « très complexe » et pour laquelle il a fait des recommandations bien spécifiques. L’accès à l’éducation, pour la jouissance de l’ensemble des droits économiques, sociaux et culturels, la fin de la détention préventive prolongée, le traitement des violations de droits humains commises sous les gouvernements de Duvalier et d’Aristide et l’amélioration de la situation dans les camps des déplacés internes : telles sont ses principales préoccupations . « Le but de ma mission fut d’analyser la situation des droits humains dans le pays », a précisé M. Gallón qui explique avoir rencontré les autorités haïtiennes, des membres de la société civile, du corps diplomatique ainsi que les représentants de la Minustah. Avant de laisser le pays, au terme d’une première mission de 9 jours en Haïti, le nouvel Expert indépendant des Nations Unies a tenu à s’expliquer, dans le cadre d’une conférence de presse. « J’ai visité Port-au-Prince et Jacmel [..] J’ai aussi visité quatre camps de déplacés ainsi que deux prisons. Tout cela avec le souci d’échanger avec une multiplicité d’acteurs haïtiens pour me forger une opinion personnelle sur la situation ». Pour le nouvel Expert indépendant des Nations Unies, « la situation des droits humains en Haïti est très complexe ». Cette situation, explique-t-il a été diagnostiquée de multiples fois par différents analystes et observateurs qualifiés. « Ces diagnostiques coïncident tous et signalent comme problèmes principaux l’extrême carence des ressources de la plupart des haïtiens pour subvenir à leurs besoins essentiels au milieu d’une profonde faiblesse institutionnelle, aggravée par de sérieuses violations des droits humains du passé qui attendent d’être résolues ». »Ma propre perception n’est pas différente », concède M. Gallón qui avoue constater avec satisfaction que « le Gouvernement a manifesté sa volonté de mettre en œuvre ces recommandations ». Tout en saluant la création du Comité interministériel des droits de la personne, l’Expert indépendant des Nations Unies a tenu à signaler cinq aspects prioritaires parmi ces nombreuses recommandations et pour lesquels il accompagnera les autorités et la société haïtienne pour contribuer à leur mise en œuvre.Tout d’abord, le droit à l’éducation, qui est pour lui un élément clé pour la jouissance de l’ensemble des droits économiques, sociaux et culturels. « Une politique visant à garantir de façon décidée, ambitieuse et généreuse le droit à l’éducation, a un puissant effet multiplicateur sur la réalisation d’autres droits basiques de la personne, de façon à surmonter ladite carence de ressources d’une grande majorité de la population haïtienne pour subvenir à leurs besoins essentiels ».Deuxièmement, poursuit-il, « la situation des personnes qui se trouvent privées de liberté dans le pays est d’une gravité éclatante et demande d’être résolue à travers des mesures spéciales et urgentes ».L’Expert croit que cette situation mérite « un traitement de choc » pour réduire de façon substantielle le nombre de détenus actuels et prévenir l’accroissement de détenus dans le futur. Et il y va d’une proposition : « une petite quantité de juges, assistés par des élèves de l’École de la magistrature, soutenus par des étudiants de dernière année de Droit, pourraient être nommés pendant une durée de quelques mois pour statuer et décider quels détenus seraient en condition d’être libérés ».Le renforcement des institutions, pour un meilleur accès à la justice et à la défense des droits est, selon lui, le troisième aspect qui affecte la situation des droits humains en Haïti de manière évidente et qui a besoin de mesures urgentes. « La construction d’un État de droit est un défi et un besoin essentiel en Haïti, aussi bien pour la jouissance des droits civils et politiques que pour que, parallèlement, les droits sociaux, économiques et culturels soient également garantis ».Le traitement des violations de droits humains commises sous les gouvernements de Duvalier et d’Aristide est « un problème qu’on doit régler dans la société pour clarifier ces violations et pour réparer les dommages causés et rendre justice aux victimes de ces violations ».Enfin, la situation dans les camps des déplacés internes retient fortement son attention. Le tableau qu’il brosse est préoccupant. « Il reste dans l’ensemble du pays, plus de 278,000 personnes entassées dans des espaces sans latrines, très souvent sans eau ni électricité, sans accès à des soins sanitaires, survivant dans une ambiance d’insécurité, surtout pour les femmes, et avec le risque d’être victimes d’une éviction forcée ».L’Expert indépendant des Nations Unies s’est par ailleurs montré préoccupé par « la tension entre différents acteurs ayant des rôles importants à remplir dans l’amélioration de la situation des droits humains : l’exécutif, le législatif, les autorités gouvernementales, l’Office de Protection du Citoyen et la société civile ». » J’encourage ces différents acteurs à aller au-delà de ces tensions au moyen du dialogue et de la volonté de trouver des solutions pour le bien-être collectif de l’ensemble de la population haïtienne ».Son rapport et ses recommandations seront présentés au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, en mars 2014. HA/Radio Métropole Haïti Crédit photo : www.elespectador.com
L’Expert indépendant des Nations Unies est reparti, préoccupé mais optimiste
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