Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté dans les rues de Port-au-Prince, le jeudi 3 avril 2003, à l’occasion du troisième anniversaire de l’assassinat de Jean Dominique. Les manifestants qui répondaient à l’appel de la Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Femmes (CONAP) ont réclamé justice pour le Président Directeur Général de Radio Haïti Inter et pour toutes les personnes victimes sous le régime Lavalas. De Delmas au Champ de Mars, les manifestants, en majorité des femmes, ont lancé des slogans hostiles au pouvoir. La configuration de cette marche anti-gouvernementale n’était pas différente des autres . A l’avant-garde, les militants, à l’arrière plan, les supporters et aux abords, les indécis. Tout ceci , dans un important dispositif de sécurité sous les yeux des journalistes. Pour l’évènement, les initiateurs étaient montés à bord d’un camion équipé de hauts parleurs et de là, les messages et les slogans sont lancés repris par les manifestants. Une cible : le président Aristide maitre et seigneur, chef exécutif de tous les pouvoirs en Haïti, selon les protestataires. Violentés et maltraités, les haïtiens ont plutôt tendance à accepter le statu quo. Et c’est ce qui révoltent les organisateurs de la marche du 3 avril. Et une fois de plus, la grande foule n’était pas au rendez-vous. Mais cela ne veut pas dire pour autant que les haïtiens ne sont pas conscients du pourrissement de la situation. Tout simplement , ils ont peur d’être persécutés, tués ou exilés, soutient un manifestant. De fait, la marche du 3 avril a rassemblé quelques dizaines de militants des droits humains, des organisations féministes, des étudiants et des syndicats. De Delmas au Champ de Mars, ils criaient à gorge déployée toute leur frustration par rapport à un pouvoir qu’ils ont qualifié de criminel. Pour une fois les OP lavalas n’étaient pas de la partie et dans ce cas précis, les policiers n’avaient pas besoin de faire une nouvelle démonstration de force. N’empêche que les organisateurs de la marche ont reproché aux agents de l’ordre d’avoir démobilisé les manifestants en imposant un parcours difficile. En effet, arrivées à Nazon, les personnes épuisées par le soleil ont dû abandonner en cours de route. Et en présence d’un nombre réduit de participants, le responsable du Centre Oeucuménique des Droits Humains, Jean Claude Bajeux et les porte-parole de la CONAP allaient adresser des messages forts au peuple haïtien et en particulier aux dirigeants lavalas. Cette énième initiative des organisations de la Société Civile pour réclamer justice et le respect des libertés publique dans le pays n’a pas fait bonne recette. Mais les militants n’entendent pas pour autant abandonner la lutte. Ils annoncent la poursuite de la mobilisation jusqu’au renversement du régime en place.
Marche contre l’impunité régnant en Haiti
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