Un forum national sur la transformation de l’éducation en Haïti

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« Il faut bien saisir les enjeux de transformation de la société haïtienne pour bien saisir les enjeux de la transformation de l’éducation ». Dans cette phrase se trouve toute la problématique de l’éducation nationale agitée par le ministre Nesmy Manigat à l’ouverture, ce mercredi 3 août, à Pétion-Ville, du Forum national sur la transformation de l’éducation haïtienne ; une activité qui a réuni, notamment, la secrétaire d’Etat à l’Alphabétisation, le chef de cabinet du ministre de la planification, le directeur général de l’Office national de partenariat en éducation (ONAPE), le directeur général du Fonds national de l’éducation(FNE), la Coordonnatrice du Programme national des cantines scolaires(PNCS), la coordonnatrice résidente du système des Nations Unies en Haïti, la représentante de l’Unesco, les délégués des représentants de l’Unicef et du Programme alimentaire mondial(PAM), sans laisser de côté quelques membres du cabinet du ministre Manigat, des directeurs techniques et coordonnateurs de pôle du MENFP, des responsables de plusieurs organisation syndicales et plusieurs partenaires éducatifs internationaux et nationaux.

Pour cadrer son intervention, le titulaire du ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) a attiré l’attention de l’assistance sur l’ensemble des urgences auxquelles l’école haïtienne est confrontée dont les urgences pour évacuer le poids historique et paralysant de l’échec scolaire, les urgences pour évacuer les inégalités de chances en offrant des opportunités de réussite aux 4 millions élèves haïtiens.

A huit ans de l’échéance de la Déclaration d’Incheon et du Cadre d’Action pour la mise en œuvre de l’Objectif de développement durable 4, il est opportun de continuer à mobiliser tous les acteurs concernés en vue de faciliter l’accès à une éducation équitable et de qualité à tous les enfants tout en tenant compte de leurs profils d’entrée et de sortie, a poursuivi le ministre Manigat qui avait pris part à la fin du mois de de juin passé, à Paris, au pré-Sommet sur la transformation de l’éducation.

« Au cours de ces trois jours d’atelier, je vous invite à porter un regard sur la transformation de notre société. On ne saurait prendre la mesure des enjeux si on ne prend pas le temps de nous rappeler qu’Haïti vit une multiple transition dont une doit résonner pendant ces trois jours : la transition démographique.

La grande majorité des problèmes d’aujourd’hui prend naissance dans notre incapacité à comprendre cette transition démographique, à répondre aux besoins de cette jeunesse qui bouge plus vite que les politiques publiques, qui ne vit plus majoritairement dans le monde rural, qui vit, aussi, en partie, dans les bidonvilles, qui voyage beaucoup et qui demande des solutions aux urgences », a rappelé le ministre Manigat qui a déclaré miser sur les contributions des uns et des autres dans la définition et consolidation de la position haïtienne qui sera présentée, puis défendue au cours du sommet de New York.

« Dans le cadre de ce Sommet sur la transformation de l’éducation, la voix d’Haïti comptera et c’est ici qu’elle prend sa forme et dessine les arabesques de la symphonie d’une éducation transformatrice du citoyen et du système vers des résultats assurant l’interface de la croissance économique », a soutenu, pour sa part, le Dr. Hervé Boursiquot, directeur général de l’ONAPE, institution membre du comité technique chargé de la préparation de ces assises ; comité qui réunit l’Unesco, l’Unicef, le PAM et le Bureau de la coordonnatrice du système des Nations Unies en Haïti.

Intervenant au nom du ministère de la Planification et de la Coopération externe, Me Axène Joseph, directeur de cabinet du ministre Ricard Pierre, a mis en avant la nécessité de cette transformation de l’éducation haïtienne aux fins d’assurer au pays un capital humain capable de définir et de promouvoir son développement économique et social.

« Ce qui nous réunit aujourd’hui, dans cette salle est notre conviction collective que l’éducation est avant tout un droit, un droit humain et un fondement pour la paix, la stabilité et l’avancement digne et honorable de nos sociétés », a défendu la coordonnatrice résidente du système des Nations Unies en Haïti.

Pour Ulrika Richardon, les résultats de ces consultations haïtiennes, comme les autres consultations nationales, aideront à identifier les pistes de solutions durables pour rattraper les retards dus notamment à la crise sanitaire de COVID-19.

Au cours de la première journée de ce Forum, les participants ont été départagés en cinq groupes appelés à réfléchir sur cinq thématiques que sont :

– Des écoles inclusives, équitables, sures et saines ;

– Apprentissage et compétences pour la vie, le travail et le développement durable ;

– Apprentissage numérique et transformation ;

– Enseignants, enseignements et professions enseignantes ;

– Financement de l’éducation.

Les travaux de groupes se poursuivront ce jeudi. La journée du vendredi sera consacrée à la restitution.

Suivant le document d’orientation du Sommet sur la transformation de l’éducation, – qui se tiendra, sous les auspices des Nations Unies, en septembre prochain, à New York -, les consultations nationales visent à développer une vision et une volonté communes tout en coordonnant l’action entre les différents groupes d’acteurs. Tout ceci sera fait dans l’optique de transformer l’éducation d’ici à 2030. Dans cette perspective, ces assises sont envisagées dans l’idée de mettre l’accent sur les changements à instaurer dans les politiques publiques, la planification et les budgets pour récupérer les pertes d’apprentissage, rattraper le retard pris dans la réalisation de l’ODD 4 et repenser les futurs de l’éducation.

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