Yvon Neptune transféré à un centre hospitalier de l’ONU

L’ancien Premier ministre Lavalas, Yvon Neptune, inculpé pour sa participation présumée à un massacre d’opposants avant le départ d’Aristide, en février 2004, a été transféré du Pénitencier national à un hôpital argentin de l’ONU situé sur la route de l’Aéroport international de Port-au-Prince pour raisons humanitaires tard dans la soirée du jeudi 10 mars 2005. M.Neptune observe une grève de faim depuis le 20 février et sa santé se serait brusquement détériorée. La décision de le transférer dans un centre hospitalier a été prise par les autorités. L’opération a été menée par les casques bleus de la Minustah en présence de la Police nationale et M. Neptune a été conduit dans une ambulance de l’ONU, rapportent des témoins. Cette décision a été prise le même jour de la publication d’un communiqué du Conseil de Sécurité de l’ONU exprimant ses inquiétudes sur le sort de M. Neptune détenu « sans être inculpé ». Elle fait également suite à d’intenses pressions internationales sur le Gouvernement intérimaire. Le 9 février 2004, Yvon Neptune, alors Premier ministre et président du Conseil supérieur de la Police nationale, s’est rendu à Saint-Marc pour annoncer le rétablissement de l’ordre au moment où les opposants à Aristide étaient en pleine ébullition dans la ville. Deux jours après, le 11 février, des unités de la police aidées d’activistes armés lavalas de l’organisation « Bale Wouze » et appuyées par un hélicoptère de la Présidence donnèrent l’assaut contre le quartier « La Scierie », base des opposants. Bilan : plus d’une cinquantaine de morts, selon les organismes de droits humains. Aucun communiqué gouvernemental à l’époque n’a condamné la tuerie ni annoncé d’enquête sur ces graves évènements. Yvon Neptune s’est rendu aux autorités intérimaires, le 27 juin 2004, après avoir appris l’émission d’un mandat d’ arrêt à son encontre par le juge d’instruction de Saint-Marc. Le dignitaire lavalas s’était brièvement évadé du Pénitencier national à Port-au-Prince, le 19 février 2005, lors d’un assaut donné par un commando armé qui a permis l’évasion de plus de 400 prisonniers. Le 20 février, M. Neptune entrait en grève. Quelques semaines auparavant, la Cour de Cassation avait rejeté sa demande de récusation en masse des autorités judiciaires de Saint-Marc. Yvon Neptune devait être entendu dans cette ville par le cabinet d’instruction depuis le 1er mars.

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